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LES TOURISTES A ROME. 55 sujet d'un travail particulier ; l'éloge et la critique y trouve- raient une place alternative ; je dirai en somme qu'au point de vue de l'art religieux , c'est un monument entière- ment manqué. Lorsqu'on entre dans la célèbre basilique, on est étonné qu'un monument tellement vaste n'impressionne pas davantage par l'immensité de son étendue. Si la ré- flexion , la comparaison , la faculté mathématique de notre cerveau ne viennent pas a notre aide, nous avons beaucoup de peine à nous rendre compte de la capacité gigantesque de l'édifice construit sur le tombeau du prince des apôtres. D'après des mesures comparatives et approximatives entre Saint-Pierre et la cathédrale de Lyon , celle-ci serait conte- nue cinq fois 7/10es dans l'immense basilique. Je n'ai pas compté, dans ce calcul, la surface entière du vestibule, entre les deux statues équestres, qui est.égale au 7/10e de celle de Saint-Jean. Ces mesures sont prises dans œuvre. La hauteur de la voûte de la grande nef de Saint-Pierre est de 46 mè- tres, c'est-à -dire élevée de trois mètres de plus que la colonne Vendôme de Paris. Le baldaquin qui recouvre l'autel a 29 mètres d'élévation. Je note celte mesure en passant, car j'ai entendu dire à plu- sieurs Français que ledit baldaquin avait la hauteur de la colonne Vendôme, ce qui est une erreur, puisque celle-ci a 43 mètres ; mais il est encore d'une taille passablement gigan- tesque , puisqu'il a l'élévation de la voûte de notre église de Saint-Nizier. Evidemment, un vice capital a dominé les conceptions ar- chitecturales de Saint-Pierre. Un homme habile doit néces- sairement chercher à impressionner le spectateur, en rehaus- sant autant que possible, par son art, les dimensions de son ceuvre. Ce grandiose artificiel, si remarquable dans nos églises gothiques, frappe les natures les moins bien organi- sées ; â -Saint-Pierre , on dirait que les architectes se sont