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loin, ces témoignages d'universel regret déposés aux pieds
de la fugitive, et accusés avec le pittoresque et familier
langage du paysan, tous ces souvenirs émouvaient et atten-
drissaient Marianna. Sa rupture avec Henri n'en fut que
plus hâtée, et, par une grave intention du romancier, ce
fut George Bussy, maintenant marié, maintenant raison-
nable, qui vint y aider, et montrer, par ses paroles comme
par sa conduite, que les conditions de bonheur se trou-
vent surtout dans la vie pure de la famille.
    Quand donc l'œuvre est achevée, Marianna, ayant brisé
 ses liens, dispose son retour au château de Vieilleville, sa
 dot de femme, pour s'acheminer aisément ensuite à Blan-
fort. Qu'elle ne fut point sa surprise en rentrant dans cette
demeure où sa jeune vie s'était écoulée si heureuse! Rien n'é-
tait changé dans les dispositions extérieures} une main pré-
voyante les avait pieusement conservées, comme au jour
du départ. Les mêmes fleurs exhalaient leurs parfums, les
mêmes meubles ornaient le château ; les mêmes voix en-
core se trouvèrent là pour bénir Marianna, et pour lire sur
sa noble figure les ravages du temps et des chagrins. Rien
n'était changé, si ce n'est le cœur de la pauvre malheu-
reuse, et il y avait de plus cette intérieure désolation
qui vous oppresse l'ame quand on revoit, au bout de
quelques années, les lieux où l'on vécut jadis.
   S'il n'eût fallu que les amitiés d'une sœur pour jeter un
large voile sur le passé et pour faire un avenir de bon-
heur encore, Marianna eût achevé à Blanfort son orageuse
existence, mais l'ame froissée de M. de Belnave ne put trou-
ver pour sou épouse que les égards qu'il eût témoignés à
une étrangère. Il fut calme et froid, avec dignité, devant une
douleur qui cherchait le pardon et l'oubli. Marianna fut
remuée de nouveau par une lettre de Henri, qui lui ap~