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Ce furent là les commencements d'un nouvel ordre de
choses que Virgile annonçait depuis longtemps,
Magnus ab integro seclorum nascitur ordo
Jam nova progenies cœlo demittitur alto ( t ) , •
mais que le mauvais génie d'Antoine avait retardé de dix
ans et avait failli ajourner à jamais. Vainqueur de cet esclave
de l'Orient, Auguste changea le sphinx de son anneau pour
une tête d'Alexandre qui avait, comme lui, triomphé de l'A-
sie. Plus tard, il remplaça ce signe par sa propre effigie
qu'il fit graver par Dioscoride, lorsqu'en contemplant son
ouvrage, il sentit qu'il avait pris rang parmi les grandes per-
sonnalités historiques. Pour qu'il ne manquât rien à son
pouvoir suprême, six ans après la mort de Virgile (l'an de
Rome 741), il fut nommé souverain pontife; dans cette cir-
constance, il donna la preuve d'une intelligence élevée -, il
fêta au feu plus de deux mille volumes de prophéties grec-
ques et latines ; mais il honora et plaça dans deux boites do-
rées, sous le piédestal de la statue d'Apollon Palatin, les
livres sibyllins, pour lesquels notre poète, par une rencontre
significative, avait plusieurs fois professé son respect, et qui,
sans aucun doute, contenaient les fondements de cette reli-
gion politique, instrument puissant de l'accroissement de
Rome, but de tous les vœux et de toutes les restaurations
du premier empereur.
Il renouvela les vieilles cérémonies patriotiques qui étaient
tombées en désuétude , et qu'il restreignit dans les bornes
de la décence ; pour rendre hommage à tous les grands
hommes qui avaient contribué à la puissance de Rome, il fit
élever leurs images triomphales sous les portiques de son
(1) Edog. IV.