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mena, vingt années durant, à travers l'Europe. 11 avait
dix-huit ou vingt ans lorsque son régiment fut envoyé
en Espagne.
    L'apprentissage du jeune artiste dût être rude et semé
de périls; cependant, grâce à l'insouciance de la jeunesse,
malgré les vicissitudes d'une vie toute aventurière, Bau-
mann trouva moyen d'étudier l'art musical, vers lequel
l'entraînait un goût exclusif et passionné. La clarinette
était son instrument de par l'empereur, mais derrière le
sac militaire on voyait un violon soigneusement envelop-
pé ; l'un était une arme de guerre, exhalant des champs
de triomphe, mêlant sa voix aux échos de la bataille,
l'autre un ami, un consolateur, venant répandre sa bien-
faisante influence, et faire oublier les fatigues et les
périls sans nombre d'une guerre acharnée. Nous avons
entendu dire à Baumann, que ce pauvre violon avait
été pour lui, soldat dépaysé, fantassin imberbe et si peu
 fait pour le métier des armes, la ressource la plus puis-
 sante contre le découragement, les privations, les traverses
 de tout genre. Ce violon composait alors toute sa fortune.
 C'était son bonheur présent et le rêve de son avenir;
 c'était son drapeau à lui, qu'il eût défendu au péril
 de sa vie, et qu'il rapporta sain et sauf en son pays.
   En i 8 i 5 , le régiment de Baumann eut Versailles pour
ville de garnison, Le jeune artiste, en se sentant si près
de Paris, fut dominé par une seule pensée^ celle de
mettre à profit pour son éducation musicale les ressources
d'un si riche voisinage. Quelques lieues seulement le
séparaient du Conservatoire et qu'était cette distance pour
un homme habitué aux marches des troupes impériales.
Baumann fut admis dans la classe de Baillot et son ar-
deur au travail, le dévouement et l'application de son ca-
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