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401 mena, vingt années durant, à travers l'Europe. 11 avait dix-huit ou vingt ans lorsque son régiment fut envoyé en Espagne. L'apprentissage du jeune artiste dût être rude et semé de périls; cependant, grâce à l'insouciance de la jeunesse, malgré les vicissitudes d'une vie toute aventurière, Bau- mann trouva moyen d'étudier l'art musical, vers lequel l'entraînait un goût exclusif et passionné. La clarinette était son instrument de par l'empereur, mais derrière le sac militaire on voyait un violon soigneusement envelop- pé ; l'un était une arme de guerre, exhalant des champs de triomphe, mêlant sa voix aux échos de la bataille, l'autre un ami, un consolateur, venant répandre sa bien- faisante influence, et faire oublier les fatigues et les périls sans nombre d'une guerre acharnée. Nous avons entendu dire à Baumann, que ce pauvre violon avait été pour lui, soldat dépaysé, fantassin imberbe et si peu fait pour le métier des armes, la ressource la plus puis- sante contre le découragement, les privations, les traverses de tout genre. Ce violon composait alors toute sa fortune. C'était son bonheur présent et le rêve de son avenir; c'était son drapeau à lui, qu'il eût défendu au péril de sa vie, et qu'il rapporta sain et sauf en son pays. En i 8 i 5 , le régiment de Baumann eut Versailles pour ville de garnison, Le jeune artiste, en se sentant si près de Paris, fut dominé par une seule pensée^ celle de mettre à profit pour son éducation musicale les ressources d'un si riche voisinage. Quelques lieues seulement le séparaient du Conservatoire et qu'était cette distance pour un homme habitué aux marches des troupes impériales. Baumann fut admis dans la classe de Baillot et son ar- deur au travail, le dévouement et l'application de son ca- 26