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21 celui des auteurs de l'ancienne Rome qui nous a transmis le plus de notions diverses sur le matériel des livres et les marchands qui les vendaient. Parlant de son ami M. Antonius, qui habitait Toulouse, il nous apprend que ses écrits allaient dans cette ville lettrée de la Narbonnaise, à laquelle il donne l'épithète de Palladia (1). Ailleurs il fait mention d'une cité gauloise, bien plus voisine de la nôtre , Vienne, qui se montra quelquefois sa rivale. Dans celle-ci, nous dit- il, les deux sexes et tous les âges faisaient également leurs délices de ses "œuvres, ce qui le comblait de joie, mais n'était pas fort hono- rable pour les mœurs de ses habitants : Fertur habere meos, si vera est fama, libellos Intei- delicias pulcra Vienna suas. Me legit omnis ibi senior, jiwenisque puerque Et coram tetrico caslapuetta viro, etc. (2), Peut-être ne sera-t-il pas déplacé de citer aussi ces vers d'Horace assez peu modestes, quoiqu'ils expriment un augure plutôt qu'un fait. Me Colchus, et qui dissimulât metum Marsœ cohorlis Dacus, et ullimi Noscent Geloni : me peritus Oiscet lber, Rhodanique potor (5). Je citerai encore un autre fait, bien qu'il appartienne à une épo- que postérieure de beaucoup, et à l'antiquité ecclésiastique ; il est précieux, d'ailleurs , en ce qu'il nous fait voir avec quelle prompti- tude un livre se répandait alors quand il jouissait de quelque estime. Je veux parler de l'ouvrage de Sulpice-Sévère sur la vie de saint Martin, qui, édité d'abord dans les Gaules, fut bientôt connu, non seulement dans cette province et à Rome, où saint Paulin de Noie l'avait porté, où on l'enlevait, et où les bibliopoles se félicitaient de sa vente merveilleuse (4); mais encore en Illyrie , en Afrique, en Egypte, et jusque dans les déserts de la Thébaïde (5). (1) Epigr. IX, 100. (2) Epigr., VII, 88. (3) Od. II, 20, vv. 17.—20. (4) Sulp. Sev., Dialog., I, 16.—Paulin., Epist. 29. (5) Ibid., ibid.