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327 «hs vestiges plus anciens de cette croyance : le poète lyrique Stésichore célébrait, vers le second siècle de Rome, un étab- lissement fondé par Enée dans l'Hespérie; Gephalon de Ger- githefait mourir Enée en Thrace, et fait partir de là , Romus, un de ses fils, qui va bâtir les murs de Rome. Pyrrhus, qui se prétendait directement issu d'Hercule et d'Achille, et qui, à ce double titre, voyait partout des Troyens dans ses ennemis, contribua sans doute à répandre les mêmes idées. Lyco- phron les consigna dans sa Cassandre, l'an de Rome 580. Tous les écrivains latins Ses adoptèrent, autant pour obéir à un sentiment populaire que pour rattacher à une noble sou- che l'origine de leur nation. Virgile leur a emprunté non seulement le fait généralement reconnu du débarquement d'Enée, mais encore les détails importants de sa navigation et de son établissement. Ce roi Latinus qui régne dans le La- tium , cette biche blessée qui est une occasion de guerre , ce Turnus ouThyrrenus, roi des Rutules, qui dispute au nouvel arrivant la main de Lavinie, appartiennent à la légende que les poètes antérieurs ont mise en œuvre. L'épisode môme de Didon, a déjà été traité par Nœvius, contemporain d'Ennius, et qui a lui-môme pris part à la guerre punique. Après avoir exposé le mythe, il resterait à en chercher le sens. Quels sont les mouvements de races que ces fictions dé- signent? Quelles populations couvraientprimitivement l'Italie? Nieburh veut que les Etrusques soient venus du nord, et aient traversé les Alpes, peut-être môme le Danube, avant de descendre en Italie. Ottfried Mueller pense que leur migra- tion, déterminée par la grande invasion dorienne, se fit à travers l'Epire, l'Illyrie, la Yénétie et le Pô. Cette hypothèse, qui est aujourd'hui considérée comme la plus probable, con- duirait à penser que les Etrusques, loin d'être assis en Italie, au moment de l'arrivée d'Enée, comme le prétend Virgile, n'y pénétrèrent qu'un siècle après. Mais la nation toscane