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roir où l'esprit de nos jeunes élèves se réfléchit avec ses
qualités et ses imperfections : ce miroir, c'est leur style.
Là chaque défaut vient se peindre avec une merveilleuse
naïveté. Sentent-ils faiblement ? l'expression est enflée. Man-
quent-ils d'idées? les mots abondent. Unephrase embarrassée,
c'est une pensée confuse : une mauvaise transition sur le pa-
pier, c'est un mauvais raisonnement dans la tête.Chaque défaut
de l'a me se traduit par un vice du style; chaque copie de rhé-
torique estime confession écrite. Et il n'y a pas ici de dissimu-
lation possible : la dissimulation elle-même se révèle par la
gêne, la recherche, l'embarras. Il faudrait plus de talent pour
employer la feinte que pour n'en avoir pas besoin : et de
toutes les hypocrisies, celle du style est la plus impossible.
J'ose le demander maintenant, la rhétorique est-elle une
puérile élude de mots, un art de broder avec la plume?
ou plutôt n'est-elle pas, comme je l'ai annoncé d'abord, l'art
de développer l'intelligence et de faire croître la pensée.
Mais le nom seul de la rhétorique semble faire naître une
objection. J'admets, dira quelqu'un, qu'on enseigne avec soin
l'art d'écrire ; mais pourquoi l'envelopper d'une pédanlesque
théorie ? Pourquoi ce barbare cortège de préceptes usés, de
genres arbitraires et de tristes figures ? Pourquoi ces Cata-
chrèses, ces Antonomases, ces Métonymies, grands mots qu'on
croit plutôt des termes dejchimie, mais des termes passablement
ridicules.
Cette objection a été fort bonne, peut-être il y a deux cents
ans, mais aujourd'hui,
Laïus est mort, laissez en paix sa cendre !
Oui, dorment en paix les savantes frivolités des rhéteurs et
que l'ironie leur soit légère ! La rhétorique ne donne point de
règles, elle donne des conseils : nous savons fort bien que ses
préceptes ne sont pas des lois inviolables, revêtues de la sanc-
tion des trois pouvoirs. Ce sont des remarques qui constatent
les procédés ordinaires des bons auteurs : elles n'ont d'autre
autorité que celle du bon sens ou de l'expérience. Ce sont des