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 prenait qu'au moment où ces lignes fatales se liraient, il en
 aurait fini avec la vie. La blessure saignante encore s'ou-
 vrit plus profonde et plus douloureuse. Marianna jeta une
 amère parole aux froideurs concertées de Belnave, et lui dit,
 prés de fuir : « Vous ne pouviez mieux vous venger ! »
Les tendres sollicitudes de Noémi furent vaines et stériles.
« Le monde est grand , » disait Marianna, quand on lui
demandait où elle voudrait retourner. Et cependant, quand
il fallut s'exiler à tout jamais, quand les dernières ombres
du pays natal flottèrent à ses yeux, ce fut une grande dé-
faillance de l'ame. Elle se retourna avec tristesse : « Le
bonheur était là, J> dit-elle, et c'est la conclusion morale
du roman de M. Sandeau.
    Le bonheur est là, en effet, dans cette vie doublée par
l'affection, et où tout se met en commun, les joies et les
tristesses, les fatigues et les repos, les jouissances du pré-
sent et, les inquiétudes de l'avenir. Tout est là, dans cette
union jurée au pieds des autels, et où le plus fort aide au
plus faible, où l'on marche de concert, à l'abri des tur-
bulences de cette autre existence que Dieu punit, et que
le monde sait flétrir aussi.
   Je crois que le lien social est toujours assez facile à se bri-
ser, pour que d'imprudentes mains ne viennent pas le rompre
encore, ou prêcher une folle et nuisible liberté. Les romans
de Georges Sand, romans enfantés sous une inspiration
spéciale et désastreuse, ont dû jeter le trouble dans un
grand nombre de têtes disposées déjà à cette exaltation
mécontente, qui ne respire et ne se trouve bien que des
rêves brillants et inquiets. Que de pauvres femmes ont
pu se dire qu'elles portent des âmes trop élevées et trop
nobles pour les vulgaires époux qui enchaînent leur des-
tinées avec la leur ! Que d'attachements, faibles déjà, ont