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arec eux ; lorsque Drake, de retour de son fameux voyage autour du monde, eut débarqué à Plymouth, elle voulut dîner , avec lui, sur son vaisseau ; les grands suivirent l'exemple de leur souveraine, ils équipèrent des vaisseaux, et coururent ou envoyèrent à la recherche des côtes inex- plorées. On serait presque tenté de pardonner à Elisabeth son despotisme et sa violence, quant on la voit seconder si puis- samment une impulsion qui doit être si favorable au bien- être de ses peuples. — Une nation éclairée, et l'Angleterre commençait à le devenir, ne supporte le despotisme que quand il lui donne la fortune ou la gloire ; Elisabeth donna l'une et l'autre à l'Angleterre. — Laissons faire d'ailleurs, lorsque l'esprit commercial sera devenu, l'esprit public, le commerce qui ne vit que de liberté saura bien briser les chaînes dont la royauté veut le charger, l'histoire est là tout entière pour prouver la vérité de cette pensée de Golds- mith : —// n'y eut jamais de peuple essentiellement commer- çant et essentiellement esdave 1 L'histoire d'une nation, dans les temps modernes surtout, sera toujours incomplète, si l'on isole cette nation de celles qui l'entourent et avec lesquelles elle a dû se trouver en rap- port : jusqu'ici nous n'avons étudié l'Angleterre que chez elle, et comme si elle avait existé seule au monde, nous de- vons maintenant chercher à connaître le rôle qu'elle a joué dans les événements politiques de l'Europe, l'influence qu'elle a conquise, la part de gloire qu'elle a obtenue. — Ici s'ouvre une carrière bien longue que nous abrégerons le plus possible, comme nous avons fait pour le reste. Lorsqu'Elisabeth monta sur le trône, elle était seule, sans alliés ; reine d'un pays où elle comptait beaucoup d'en- nemis , voisine de l'Ecosse livrée à l'influence de la France où régnaient les Guises, elle avait à redouter la puissance et