Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                  SOI
 parenté, pour la majesté du génie ; sa faiblesse livra à An-
 toine la tête de Cicéron qui s'en allait philosopher tranquil-
lement à Tusculum. La clémence dont il fit preuve dans la
suite montre quelle devait être l'inhumanité de ce temps qui
 avait pu rendre si féroce une ame si naturellement paisible.
Mais, au milieu même de ses prospérités, il n'avait pu se
se délivrer des frayeurs qui avaient ensanglanté ses commen-
cements. Jamais, il ne sut veiller seul au milieu de la nuit.
    La paix qu'il rétablit dans le monde contribua à le corrom-
pre, autant que ses cruautés l'avaient indigné. Pour pacifier
l'Empire, il le livra en proie à ses vétérans : car l'ère impé-
riale s'affermit en donnant cette solution à la terrible ques-
tion agraire que les Gracques avaient posée sous la Répu-
blique. On connaît les violences de ces soldats qui, jusqu'au
milieu de l'Italie, dépouillèrent, au nom de leurs victoires,
les anciens propriétaires du sol.
                                    *-
           Impius hsec tam culta novalia miles habebil !
           Barbarushassegetes ! en quo discordia cives
           Perduxil miseros ! en tjueis consevimus agros(l) !

Mais, ce qu'on ignore peut-être ce sont les vices que l'ai-
sance et l'oisiveté durent promptement engendrer chez des
hommes accoutumés aux durs travaux de la guerre. Cette
dépravation du soldat romain devenu, par des violences
inouïes, possesseur de la terre et de l'argent, fonda, sur les
débris du vieux patriciat, l'aristocratie des banquiers et celle
des prétoriens, qui, plus tard, se réunirent pour vendre le
trône à Didius Julianus.
   Ajoutez à ces maux un mal plus grand encore, d'où tous
les autres dérivaient. Les Dieux de Rome s'en allaient; leur
culte avait été remplacé d'abord par les croyances delà Grèce,

  (1) Eclog. I.