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596 dû se reporter ailleurs, séduits par ces hardies et émouvan- tes fictions d'un génie las de tout ! Les écrits de M. Sandeau visent, en général, à combattre la tendance des romans de G. Sand, et y arrivent avec bonheur. Marianna est un livre attachant et écrit au cou- rant d'une plume ingénieuse et brillante, qui excelle sur- tout à décrire les scènes de la nature et les plus intimes sentiments de l'ame. Ce n'est pas qu'il n'abuse quelque- fois de cette facilité, ce n'est pas qu'il n'y ait une sorte d'exagération dans ses caractères, mais ces défauts sont habilement rachetés par l'entrain du drame. J'aime peu toutefois ces personnages qui sont jetés deux à deux , comme dans Marianna; le même défaut se rencontre en- core dans Mme fie Sommerville. C'est un beau caractère que celui de Noémi ; c'est une réjouissante et bonne figure que celle du jardinier Léonard, et le vieux capitaine Gérard est peint d'une main ferme et adroite. L'attitude de Belnave est aussi sagement dessinée, et la fougueuse nature de Marianna passe par une série d'émotions et de trou- bles, qui en font un personnage attachant, bien qu'il soit fort excentrique. On le plaint, mais on n'aurait pas le cou- rage de le blâmer. Depuis Marianna, et vers la fin de 183g, M. Sandeau, a publié, en collaboration avee M. Arsène Houssaye, deux volumes intitulés : Les Revenants. Ce sont des nouvel- les qui, la plupart, avaient déjà paru, et où le talent d'ob- servation se retrouve, chez M. Jules Sandeau, tout aussi fin et juste que dans ses œuvres précédentes; c'est tou- jours le même charme d'un style alerte et limpide, mais avec un peu de misanthropie et de satyrisme, détruisant de côté et d'autre, frappant sur les vices de la société sans rien remettre à la place. Le meilleur morceau de ces