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leurs humides lames. Souvent le garde-côte l'avait vue se
précipitant et fuyant tour à tour. On parlait de cette mys-
térieuse femme, et à Sainte-Marie, et à Pornic, et à la Magde-
lairie. Lorsque Henri Felquères vint la chercher sur ces
grèves solitaires, il entendit des marins se raconter qu'on,
avait arraché aux vagues de l'Océan une femme que la
douleur égarait çà et là. Enfin, quand elle eut séjourné
 en Bretagne plus d'une année, Marianna revint à Paris
 avec Henri, qui lui avait ouvert une route nouvelle, et
qui était en possession désormais de la femme désirée. Là,
ce fut une vie tout autre encore. Marianna et Henri pas-
 saient l'un chez l'autre alternativement une semaine, sans
 que d'abord l'humble galetas de l'étudiant parût dispro-
 portionné avec les somptueux appartements de Marianna.
 Tout s'use ici-bas, et cette seconde passion devait finir
 comme la première, finir après de longues journées d'inti-
 mité profonde, et s'en aller par d'insensibles transitions*
 Henri, avec la fougue de son âge, exerçait un impérieux
 vouloir, qui passait à de frénétiques jalousies, à des exi-
 gences de chaque heure, et le sentiment s'usait chez Ma-
 rianna, s'épuisait comme daus un corps la sève de vie.
  D'autre part, elle était brisée par l'inquiète pensée du
devoir et par des regrets involontaires. Elle se prenait à
penser aux amitiés de Blanfort et à tout ce qu'elle avait
abandonné, à Noémi, à M. de Belnave peut-être aussi. Un
jour, il lui vint de son château de Vieilleville, le jardinier
qui apppotait Une lettre de Noémi, lettre bien sentie et
délicate, dans laquelle la sœur annonçait à sa sœur son
bonheur de mère, et mettait sa jeune enfant, sa petite
Marie, sous le patronage de Marianna. Or, cette lettre de
Noémi, ce bonheur qui respirait dans tous les mots, ces
 paroles de Léonard, le jardinier, ces récits apportés de