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393 leurs humides lames. Souvent le garde-côte l'avait vue se précipitant et fuyant tour à tour. On parlait de cette mys- térieuse femme, et à Sainte-Marie, et à Pornic, et à la Magde- lairie. Lorsque Henri Felquères vint la chercher sur ces grèves solitaires, il entendit des marins se raconter qu'on, avait arraché aux vagues de l'Océan une femme que la douleur égarait çà et là . Enfin, quand elle eut séjourné en Bretagne plus d'une année, Marianna revint à Paris avec Henri, qui lui avait ouvert une route nouvelle, et qui était en possession désormais de la femme désirée. Là , ce fut une vie tout autre encore. Marianna et Henri pas- saient l'un chez l'autre alternativement une semaine, sans que d'abord l'humble galetas de l'étudiant parût dispro- portionné avec les somptueux appartements de Marianna. Tout s'use ici-bas, et cette seconde passion devait finir comme la première, finir après de longues journées d'inti- mité profonde, et s'en aller par d'insensibles transitions* Henri, avec la fougue de son âge, exerçait un impérieux vouloir, qui passait à de frénétiques jalousies, à des exi- gences de chaque heure, et le sentiment s'usait chez Ma- rianna, s'épuisait comme daus un corps la sève de vie. D'autre part, elle était brisée par l'inquiète pensée du devoir et par des regrets involontaires. Elle se prenait à penser aux amitiés de Blanfort et à tout ce qu'elle avait abandonné, à Noémi, à M. de Belnave peut-être aussi. Un jour, il lui vint de son château de Vieilleville, le jardinier qui apppotait Une lettre de Noémi, lettre bien sentie et délicate, dans laquelle la sœur annonçait à sa sœur son bonheur de mère, et mettait sa jeune enfant, sa petite Marie, sous le patronage de Marianna. Or, cette lettre de Noémi, ce bonheur qui respirait dans tous les mots, ces paroles de Léonard, le jardinier, ces récits apportés de