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   La poésie de M. Benoît appartient, du moins quant à la
facture du vers, au genre que l'on est convenu d'appeler
classique, c'est-à-dire, pour nous, que ce sont de beaux et
bons vers, avoués du goût et de la prosodie. Que si les anti-
classiques venaient dire que leur genre, à eux, se distingue de
celui-ci non seulement par la forme, mais encore par l'énergie
de la pensée, par la couleur de l'expression, l'allure vive et
indépendante du rhylhme, nous leur répondrions par la cita-
tion suivante, prise au hasard dans le poème de M. Benoit :
        Le présent disparaît, l'avenir seul m'inspire...
        Sur le ton de l'oracle il a monté ma lyre
             II est là, brillant de clartés !
        Le voile qui le couvre à mes yeux se déchire,
             Je prédis : Silence ! écoutez !!!

             Messagères que rien ne lasse,
             Assises sur un char de feu,
        La Presse et la Vapeur ont dévoré l'espace,
             Comme des envoyés de Dieu !
             Devant elles, l'indépendance,
        Sainte fille du ciel, arbore son drapeau ;
        Du progrès social et de l'intelligence,
        Sur ce vaste univers soumis à leur puissance,
             Elles promènent le niveau.

        Plus d'esclaves brisés à la chair palpitante,
             Sous la verge ignoble et sanglante
             Dont un barbare arme ses mains ;
        Plus d'oppresseurs cruels, imbécilles et vains !
             Plus d'empires, plus de frontières!
             Hommes libres, libres chemins !
             Plus de vestiges des barrières
             Qui parquaient jadis les humains!

        Un spectacle sublime est offert à la terre ;
        D'un fraternel amour les hommes sont épris ;
        Ils brisent dans leurs mains les armes de la guerre,
        Et sur l'autel sacré de la paix tutélaire
              Ils en suspendent les débris.

  Que les poètes se rassurent ! qu'ils ne disent plus que, à
celte heure, la poésie n'a plus d'échos dans le monde ! qu'ils
ne désespèrent plus de l'avenir, eux les hommes de l'avenir !
car, dans cette foule que les préoccupations de la vie réelle
semblent absorber toute entière, il y aura toujours des mains
tendues vers eux pour leur donner l'étreinte de la fraternité,
des cœurs pour les comprendre et les aimer, des voix amies
pour redire leurs chants et leur crier : Courage !
                                                   C. F.