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 et qui peut dire que sa route ne se brisera pas un jour sous ses
 pieds ? Maintenant c'est pire qu'alors, et toutes les avenues
 sontoccupées, et le mécompte et le découragement s'en mêlent
bien plus vite. M. Dagier, ses études finies, vint à Lyon chez
un négociant à qui il avait été recommandé, et jeta, comme on
 dit, la soutane aux orties ; mais les graves leçons qu'il avait
 reçues ne se perdirent pas chez lui, et, s'il avait appris ses de-
 voirs,cette connaissance luiservit pour le rendre honnête hom-
 me. Il est difficile, s'appelat-on même Taîleyrand de Périgord,
que les souvenirs de grand séminaire arrivent à s'éteindre, et
qu'un jour ou l'autre la foi ne se réveille pas énergiquement.
    De Lyon, M. Dagier retourna bientôt à Saint-Etienne, où il
devint commissaire des droits seigneuriaux. Cette place ayant
élé ensuite supprimée par la Révolution, il se fit libraire. Le
peu de succès qu'il obtint dans cette nouvelle profession ne
lui permit pas de la continuer longtemps et il se mit à étudier
le droit, science aride et épineuse, qui touche à la théologie
par bien des côtés, dans les questions vitales et d'un ordre
éternel. M. Dagier se trouvait reporté presque sur un terrain
connu.
   En 1791, l'estime dont il jouissait à Saint-Etienne le fit éle-
ver aux fonctions de procureur-syndic, mais il n'occupa ce
poste que trois ou quatre mois, car ses opinions royalistes,
opinions auxquelles il est resté fidèle depuis, à travers les
tergiversations de tant de gens variables et souples, le rendi-
rent bientôt suspect. Il se vit même porté sur une liste de
proscription et fut obligé d'émigrer. Ce fut en Suisse qu'il se
réfugia. Il n'eut alors, pour vivre, d'autres ressources que
l'instruction acquise aux écoles de théologie et de droit ; il
donna des leçons^ et lia connaissance avec un évêque qui se
l'attacha en qualité de secrétaire.
   Après le 10 brumaire, M. Dagier rentra en France, et fut
nommé juge au tribunal civil de Montbrison, sous le prési-
dent Portier.
   En 1805, il vint habiter Lyon, avec le simple titre d'avocat.