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  sacré, pour toujours, André Chénier. Les élégies que nous
  a laissé Aimé De Loy, le posent plus irrévocablement
  poète que bien des hommes de nos jours qui ne sont pas
  sans renom. Préciser le sceau particulier, qui marque les
  Feuilles aux vents, c'est chose difficile pour la critique.
  Ce n'est qu'à la seconde époque de sa vie, qu'un écrivaiu
  acquiert sa physionomie. De Loy est mort sans avoir ren-
  contré la route personnelle qu'il aurait trouvée sans doute,
  et l'idée qu'il était appelé à développer dans le domaine
  de la poésie. Il n'y a donc pas dans ses écrits d'idée géné-
  rale, devenue sienne; il y a, comme pensée dominante, ce
  qui envahit tout d'abord l'ame du jeune homme, ce qui
  sera le thème éternel de la musique du cœur ; l'amour ;
  c'est là le souverain mobile de l'inspiration d'Aimé De
  Loy. 11 lui doit, à notre avis, ses accents les plus purs et
  les plus profonds. L'amour, tel qu'il le ressent et tel qu'il
 l'exprime, est plein d'un spiritualisme élevé ; la pensée
  chrétienne y paraît quelquefois, la mélancolie y domine.
 L'amour, ainsi compris, a servi de texte a bien des élé-
  gies depuis Lamartine, et l'on a bien abusé de l'ordre de
 sentiments et d'images où a puisé le chantre d'Elvire. Il
 s'est formé sur ce sujet une langue banale que beaucoup
 de gens ont parlé sans l'avoir comprise; mais tout œil
 exercé démêle vite ce qu'il y a de faux et de convention-
 nel dans les vers qui n'ont pas traversé le cœur avant d'ar-
 river au bout de la plume. Ceux d'Aimé De Loy ont quel-
 que chose de sérieusement vrai ; sa tristesse et sa passion
 ne sont point empruntées: il a senti avant d'avoir chanté;
il a souffert autrement qu'à torturer des hémistiches; il a pu
 changer souvent d'idoles, mais son aspiration vers le vrai
Dieu a été réelle et incessante. Ses pièces les plus remar-
quables sont celles dont l'amour est l'objet, et, parmi
celles-là, on ne sait laquelle préférer ; il n'en est pas une
qui n'enchante par la tendrese et la mélodie. Les mor-
ceaux adressés à divers grands personnages de notre temps,
ceux qui ont une intention philosophique et qui sortent
de l'expression des sentiments, nous ont paru inférieurs
aux autres. La poésie d'Aimé De Loy porte les traces
d'une grande érudition, peut-être même ces traces sont
elles trop fréquentes. Si la nouveauté des images en ré-