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pianos avaient été préparés pour seize dames qui y ont exé-
cuté l'ouverture de la Sémiramide. Ces trente deux mains
 charmantes, ont fait avec leurs cent soixante jolis doigts, la
meilleure musique du monde ; il y avait déjà dans ces seize
jeunes têtes, admirablement accouplées, une harmonie qui
rendait difficile pour celle des instruments.
    On ne saurait trop louer le bon sens avec lequel on a su
se préserver de ces difficultés, dont l'aridité même fait ordi-
nairement tout l'éclat, et qui attristent l'ame sans recréer seu-
lement les oreilles. Mais en fuyant les oiseux divertissements
de la science, on devrait aussi, à ce qu'il me paraît, aimer
davantage la mélodie. J'ai entendu dire, par un artiste, bien
 capable de porter un jugement équitable en celte ma-
 tière, que la présence de deux grandsfleuvesdétendait singu-
lièrement les fibres et amollissait le gosier de la population de
Lyon ; il est bien certain que là seulement où le peuple
 chante, on peut voir le goût de la mélodie se développer.
 Mais plus le climat est rebelle, plus on doit faire d'efforts pour
 en triompher, et pour assurer aux habitants l'entière jouissan-
 ce des dons que la nature a accordés à l'homme. En finissant
 nous demandons la permission de dire toute notre pensée.
    Lyon est une ville qu'on voit toujours avec étonnement et
 avec plaisir. Les collines aux pieds desquels elle est assise ,
ses grandes constructions, sesfleuvesjumeaux, lui donnent
un aspect particulier de grandeur et d'énergie qu'on ne trouve
nulle autre part. Quelques-unes de ces vieilles villes italien-
nes, qui ont laissé une trace si brillante dans l'histoire in-
 dustrielle et politique, peuvent seules lui être comparées.
Mais il lui manque encore un ornement qu'elle doit envier à
 ses devancières. Dans toutes les cités, dans tous les temps
l'industrie n'est parvenue à l'apogée de ses richesses et de
 ses merveilles, que lorsqu'elle s'est vigoureusement appuyée
 sur le sentiment des arts.