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241 Venise et Florence, Anvers et Amsterdam n'ont été les reines du monde, que lorsqu'à côté de leurs comptoirs et de leurs entrepôts, elles ont vu s'élever des écoles d'architecture, de statuaire, de peinture et de musique. Partout où il y a des teinturiers, il faut qu'il y ait de grands coloristes; par- tout où il y a des tailleurs de pierre, il faut qu'on voie naître des architectes et des sculpteurs. C'est à cet indice que vous reconnaîtrez les grandes prospérités qui arrivent à leur sommet. Lyon n'a point encore donné ce signe; c'est ce qui prouve qu'elle n'est point encore parvenue au degré de splen- deur qu'elle doit atteindre. Mais qu'on ne s'y trompe point, il faut qu'elle y monte bientôt, ou qu'elle craigne de dé- cheoir. Au milieu de ces forces inusitées que l'activité et l'intelligence humaines déploient aujourd'hui en Europe, on doit ou s'attendre à être éclipsé, ou songer à dépasser tout le monde. C'est aux grandes familles commerciales de la cité à méditer l'exemple de celles des républiques d'Italie ; prodi- guer aujourd'hui leur fortune pour encourager les arts, est la vraie manière d'assurer celle de leurs descendants. Lyon a déjà , il est vrai, dans son palais Sainl-Pierre, un Musée et des Ecoles dont elle estfière;mais l'enthousiasme, sans lequel on ne fait rien de grand, manque aux maîtres, aux élèves, au public lui-même. Comment l'exciter? Eu montrant que la ville peut suffire à l'existence et aux jouissances de ses en- fants, en élevant des monuments qui fassent leur orgueil, en créant un Conservatoire où l'on donne à l'émulation toutes les occasions de se développer, en accordant aux Facultés nouvellement instituées un asile qui réponde mieux à l'em- pressement et à la distinction des auditeurs, en éclairant l'in- telligence et le goût par tous les enseignements nouveaux que la France envie encore aux nations étrangères, en fon- dant des concours, non seulement pour les arts utiles, mais 18