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et les Gueux de terre et les Gueux de rner jurèrent de ne
 pas obéir au Tyran. Guillaume d'Orange était famé de
cette généreuse insurrection d'où est sortie la liberté hol-
landaise. Philippe s'obstina, il envoya pour l'écraser des
milliers de soldats et les trésors du Pérou, tout fut perdu.
Elisabeth applaudissait de l'autre côté de l'Océan, et quand
elle sut que don Juan projetait une descente en Angleterre
pour délivrer Marie Stuart, elle descendit elle-même dans
l'arène ; elle donna de For, elle donna des hommes, elle
prit ouvertement en main la cause des insurgés, et les in-
surgés l'emportèrent enfin sur Farnèse lui-même. — Cette
protection accordée par Elisabeth à la Hollande naissante
faillit être fatale à ses successeurs, car soixante ans plus
tard Ruyter pénétrait dans la Tamise, et les marchands
d'Amsterdam étaient les rois des Indes.
   Ce fut la même politique qui dirigea la conduite d'Eli-
sabeth à l'égard de la France.—Le jésuite Daniel avoue que
si l'Ecosse et la France avaient été tranquilles, l'Angleterre
aurait été attaquée. — Elisabeth le savait bien, elle savait
bien que les Guises étaient ses ennemis déclarés, elle les
prévint : alors fermentaient en France les premiers germes
des guerres religieuses qui devaient l'ensanglanter pendant
trente ans; l'ambassadeur anglais Trockmorlon s'abouche
avec les principaux chefs du parti protestant, leur promet
les secours de sa souveraine , les engage à lever l'étendard
de la révolte. La Renaudie ne tenta la fameuse conjuration
d'Amboise qu'au retour d'un voyage qu'il fit en Angleterre.
Des sommes d'argent furent remises à l'amiral Coligny;
cent mille livres et des munitions d'artillerie furent expé-
diées à Condé ; et quand le massacre de la Saînt-Barthélemy
vint épouvanter le protestantisme, Elisabeth n'oublia point
ce qu'elle devait à sa sûreté personnelle et au maintien de sa
religion : elle travailla à diviser le parti catholique lui-