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229 et les Gueux de terre et les Gueux de rner jurèrent de ne pas obéir au Tyran. Guillaume d'Orange était famé de cette généreuse insurrection d'où est sortie la liberté hol- landaise. Philippe s'obstina, il envoya pour l'écraser des milliers de soldats et les trésors du Pérou, tout fut perdu. Elisabeth applaudissait de l'autre côté de l'Océan, et quand elle sut que don Juan projetait une descente en Angleterre pour délivrer Marie Stuart, elle descendit elle-même dans l'arène ; elle donna de For, elle donna des hommes, elle prit ouvertement en main la cause des insurgés, et les in- surgés l'emportèrent enfin sur Farnèse lui-même. — Cette protection accordée par Elisabeth à la Hollande naissante faillit être fatale à ses successeurs, car soixante ans plus tard Ruyter pénétrait dans la Tamise, et les marchands d'Amsterdam étaient les rois des Indes. Ce fut la même politique qui dirigea la conduite d'Eli- sabeth à l'égard de la France.—Le jésuite Daniel avoue que si l'Ecosse et la France avaient été tranquilles, l'Angleterre aurait été attaquée. — Elisabeth le savait bien, elle savait bien que les Guises étaient ses ennemis déclarés, elle les prévint : alors fermentaient en France les premiers germes des guerres religieuses qui devaient l'ensanglanter pendant trente ans; l'ambassadeur anglais Trockmorlon s'abouche avec les principaux chefs du parti protestant, leur promet les secours de sa souveraine , les engage à lever l'étendard de la révolte. La Renaudie ne tenta la fameuse conjuration d'Amboise qu'au retour d'un voyage qu'il fit en Angleterre. Des sommes d'argent furent remises à l'amiral Coligny; cent mille livres et des munitions d'artillerie furent expé- diées à Condé ; et quand le massacre de la Saînt-Barthélemy vint épouvanter le protestantisme, Elisabeth n'oublia point ce qu'elle devait à sa sûreté personnelle et au maintien de sa religion : elle travailla à diviser le parti catholique lui-