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228 les trésors du roi d'Espagne qui se posait en champion du catholicisme, elle pouvait craindre les foudres de l'Eglise qui allaient gronder dans la catholique Irlande. La fille des Tudors comprit tout le danger, conjura tous les orages, brava toutes les tempêtes; elle choisit pour conseillers des hommes éclairés, des politiques adroits, des serviteurs fi- dèles , il suffit de citer trois noms, Cecil, Bacon, Walsin- gham! et sans ambition, mais aussi sans peur, elle attendit. Le péril le plus imminent vint de l'Ecosse ; elle se tourna de ce côté-là . L'occasion était favorable; la reine Marie était catholique, et le terrible Knox avait rendu l'Ecosse protes- tante. Elisabeth s'annonce comme la protectrice des réformés; l'or grossit tous les jours le nombre de ses partisans ; les Français sont chassés, et Marie Stuart est déjà prisonnière dans son royaume ; sa légèreté, son imprudence travail- laient pour Elisabeth ; la nièce des Guise ne sut qu'amasser des tempêtes, et quand elles se déchaînèrent, elle fut forcée de demander un refuge à la femme qu'elle avait offensée ; ia colombe s'était abattue dans le nid du vautour, — on sait le reste. — Dès lors l'Ecosse avait fini son rôle de nation; l'habile Elisabeth divisa, arma les hommes contre les hom- mes , les passions contre les devoirs, les intérêts contre la fidélité, elle affaiblit un pays qui l'inquiétait à bon droit, et put dire qu'on ne verrait plus d'armée descendre des monts Grampians dans les plaines d'Albion. Dans le même temps, Philippe II, qui ne respectait que les arrêts de l'Inquisition, décrétait la ruine des libertés flamandes.il avait fait passer les Alpes à ce duc d'Albe, sombre comme son maître, sanguinaire comme Néron : le Conseil de sang couvrit les Pays-Bas d'échafauds, et l'exé- crable exécuteur des ordres du roi d'Espagne se vanta d'a- voir fait périr 18,000 personnes en six ans. Tout ce qui n'avait pas été tué, se sauva dans les bois ou sur les flots,