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 parer, avec quelle opiniâtreté ils disputaient aux affaires
les moments trop courts, à leur gré, de l'étude; ils ne vous
ont pas révélé le secret de leurs laboi'ieuses nuits, et par
quelle honorable raison, au terme de leur magistrature, leur
santé semblait chancelante, et l'inventaire autrefois opulent
de leur commerce personnel se trouvait réduit peut-être
à de plus modestes bénéfices. C'est qu'ils n'ignoraient pas
que leur plus pressante obligation était de s'initier aux
 mystères de la loi pour en devenir les interprètes, les re-
 présentants, et, en quelque sorte, la personnification, selon
cette forte pensée d'un ancien : « Le juge est la loi vi-
vante (1). » Mais en portant leur charge sans murmure,
sans doute ils n'ont pu î-éprimer le désir qu'elle fut moins
lourde pour leurs successeurs, et qu'enfin ceux-ci trou-
vassent, dans des leçons précoces, une instruction qui plus
tard coûtait si cher. — Jadis on avait cru faire assez pour
maintenir la pureté de la doctrine dans le tribunal lyon-
nais de la Conservation, en y introduisant un jurisconsulte
titulaire; et souvent, à cet exemple, on proposa l'institu-
tion d'un ministère public auprès des juridictions com-
merciales. Mais le législateur a sagement repoussé cette
pensée injurieuse, et n'a pas permis qu'une intervention
étrangère vint compliquer les querelles domestiques des
négociants. Comme les nobles d'autrefois, ils sont jugés
par leurs pairs 5 et, s'il faut que ces derniers prennent
le droit pour arbitre souverain de leurs décisions, ne vaut-
il pas mieux, comme nous l'essaierons, leur ouvrir le sanc-
tuaire et leur apprendre à consulter l'oracle, que de les
renvoyer à un gardien jaloux, chargé de leur en transmettre
les réponses ?


  ( l ) O -yap «fucourriis PoûXerai elvat otcv Jîxaiov Ifi^X 0 7 ' Aristole, Ethic. lib. v.