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 butant par des proscriptions et finissant par la dictature.
     Les fondateurs du Mercure Sègusien ne négligèrent
 rien pour attacher De Loy à leur entreprise. Ils virent en
 lui l'homme supérieur, auquel il ne manquait qu'une po-
 sition dans le monde, qu'une place qu'il cherchait vague-
 ment à travers la société. On alla au-devant de tous ses
 désirs. Ses besoins étaient nombreux: on y pourvut avec
 un tact et un discernement qui le mirent de suite à l'aise.
 Il fut comblé d'égards, choyé pour ainsi dire ; on com-
 prenait que dans cette vie il y avait bien des mystères,
bien des profondeurs : il n'eût pas à souffrir de la moindre
 question indiscrète. L'interroger, c'eût été le faire fuir.
Au reste, sa grande réserve à l'égard de tous en comman-
dait aussi pour lui. On l'apprécia bien vite à Saint-
Etienne et on l'aima. Il ne pouvait donc que bien s'y
trouver ; ubi enim amatur, ibi non laboralur, a dit
Saint Augustin, et cette pauvre vie de naufragé était dé-
cidément encore cette fois sauvée, si jamais elle avait dû
l'être.
   Le culte que De Loy professait pour Chateaubriand n'é-
tait pas exclusif. 11 ne se lassait pas, à cette époque, de
lire les vers de Mme,.Desbordes-VaImore, dont le recueil
était son Imitation de Gerson, parce que là aussi, dans ces
vers, se rencontre le reflet d'une ame divine et souffrante.
Ce luth a des accords pour toutes les peines, des harmo-
nies pour tout ce qui est douleur, amour. Mmc Valrnore
est, elle-même, un exemple vivant des contrariétés du
sort. Elle a des pleurs pour ceux dont le cœur est brisé
par le monde , des sympathies pour tous les maux, et
sa lyre, comme celle de la sœur d'Oreste, a le don de cal-
mer, d'endormir la douleur.
    De Loy n'avait point encore eu l'occasion de voir dans
le monde Mmo Valrnore qui alors habitait Lyon. Il s'y
fit présenter ; mais avant, il avait fatigué le trottoir du
quai de Saône, en face de cette religieuse et poétique