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125 butant par des proscriptions et finissant par la dictature. Les fondateurs du Mercure Sègusien ne négligèrent rien pour attacher De Loy à leur entreprise. Ils virent en lui l'homme supérieur, auquel il ne manquait qu'une po- sition dans le monde, qu'une place qu'il cherchait vague- ment à travers la société. On alla au-devant de tous ses désirs. Ses besoins étaient nombreux: on y pourvut avec un tact et un discernement qui le mirent de suite à l'aise. Il fut comblé d'égards, choyé pour ainsi dire ; on com- prenait que dans cette vie il y avait bien des mystères, bien des profondeurs : il n'eût pas à souffrir de la moindre question indiscrète. L'interroger, c'eût été le faire fuir. Au reste, sa grande réserve à l'égard de tous en comman- dait aussi pour lui. On l'apprécia bien vite à Saint- Etienne et on l'aima. Il ne pouvait donc que bien s'y trouver ; ubi enim amatur, ibi non laboralur, a dit Saint Augustin, et cette pauvre vie de naufragé était dé- cidément encore cette fois sauvée, si jamais elle avait dû l'être. Le culte que De Loy professait pour Chateaubriand n'é- tait pas exclusif. 11 ne se lassait pas, à cette époque, de lire les vers de Mme,.Desbordes-VaImore, dont le recueil était son Imitation de Gerson, parce que là aussi, dans ces vers, se rencontre le reflet d'une ame divine et souffrante. Ce luth a des accords pour toutes les peines, des harmo- nies pour tout ce qui est douleur, amour. Mmc Valrnore est, elle-même, un exemple vivant des contrariétés du sort. Elle a des pleurs pour ceux dont le cœur est brisé par le monde , des sympathies pour tous les maux, et sa lyre, comme celle de la sœur d'Oreste, a le don de cal- mer, d'endormir la douleur. De Loy n'avait point encore eu l'occasion de voir dans le monde Mmo Valrnore qui alors habitait Lyon. Il s'y fit présenter ; mais avant, il avait fatigué le trottoir du quai de Saône, en face de cette religieuse et poétique