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   11 aimait trop les livres pour embrasser une profession
qui l'en séparât. Ses études finies, il songea à un cours de
droit. En 1814, il le commença à Strasbourg et vint l'a-
chever dans cette patrie d^s anciens troubadours, à Tou-
louse, celte ville de gai savoir.
   À. l'école, il y a trois sortes d'étudiants : le premier qui
n'est là que pour que jeunesse se passe, fier de son igno-
rance, vrai gentilhomme d'autrefois ; le second, tout à
ses codes, martyr des textes, homme de pratique et d'af-
faires; et le troisième que rebute la formule, la lettre de
la loi, qui se retranche dans la philosophie du droit, et,
pour faire diversion, appelle à lui des études étrangères.
   De Loy était de ce nombre. A Strasbourg, il apprit l'an-
glais, l'italien, l'espagnol et se livra à des traductions qui
lui rendirent facile l'usage de ses langues. De société
avec son ami Blétry, aujourd'hui procureur du roi h Mont-
béliard, il publia le Philologue, journal qui parut en 1815,
avant et après le 20 mars. Mais les tendances politiques de
cette feuille amenèrent, de la part de la police, des per-
sécutions qui déterminèrent les deux rédacteurs à aban-
donner cette publication.
   Dès cette époque, l'amour s'empara du cœur du poète; et
l'amour â cet âge pousse a la célébrité , il cherche sans
doute à parer sa victime pour rendre plus précieux l'aban-
don qu'elle lui fait de tout son être.
   L'étudiant de Strasbourg interrompit son droit. La
gloire deMerlin, de Proudhon, quoiqu'alors d'un haut prix,
n'était qu'un astre trop pâle pour l'horizon qu'il s'était créé.
   Qu'était cette gloire, comparée à la gloire naissante de
Lamartine, à celle de Chateaubriand dont la voix tenait en
ce moment l'Europe émerveillée ?
   Et puis, une réputation, un cœur de jurisconsulte était
un don peu digne d'une femme, il se disait alors comm e
il a dit plus fard :
     II me faut des lauriers ; j'ai besoin de la gloire,
                J'en ai besoin pour vous l'offrir.