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ïl n'y avait d'offrable à ses yeux qu'un nom cher aux muses,
qu'une ame de poète.
   Poète, il l'était, mais il lui en manquait la consécration,
le baptême; et, en ce temps-là, on ne le recevait qu'à
Paris.
   Il se mit donc en route pour la capitale, disant adieu à
son ami Blétry qui ne put le retenir, emportant avec lui,
pour le sacrement qu'il attendait, son petit bagage litté-
raire.
   Ce bagage se composait de fugitives insérées dans VAl-
manach des Muses, la plupart sous des noms empruntés.
C'est bien l'une, d'elles, ayant pour titre VAmitié, qui,
imprimée sous celui deMJleM***, inspira à Colnet, trompé
par le nom, ce joli mot : « Il y a de la douceur et des grâ-
ces faciles dans les vers que MUe M*** a composés pour l'A-
mitié ; mais le jeune frère en sera jaloux et Mlle M***
n'évitera pas son ressentiment. »
   Il avait encore avec lui un poème imprimé à Luxeuil
sous ce titre : Plaisirs d'un ami de la campagne et des mu-
ses, et quelques pièces publiées dans le Philologue.
   C'était là son début, et, à cet âge, ce début, révélant
de remarquables dispositions, pouvait l'enhardir à ce
voyage.
   Recommandé à l'auteur du Printemps d'un proscrit,
à ce bon M. Michaud, il fut reçu avec égard par l'historien
des Croisades, rédacteur alors de la Quotidienne, et qui
tant de fois a risqué sa vie pour des idées. Il vit Chateau-
briand, et tout ce que la littérature comptait d'illustra-
tions.
   C'est alors qu'il renia Thémis et sa liturgie, mais pour
y revenir bientôt.
   Son séjour à Paris fut de courte durée. Au milieu de
Paris, il le cherchait encore; et, comme tous ceux qui,
bien jeunes, s'y sont acheminés sous l'influence du beau
idéal, il en revint un peu désenchanté avec de nouvelles
sympathies pour le coin du feu, une recrudescence d'amour