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101 sif pour lui ! lui, qui, pour arriver à vivre jusqu'à 35 ans, a toujours eu besoin d'être libre comme l'air. Aussi, fit-il acte d'indépendance en s'échappant du collège. Ce ne fat pas la désertion de'l'élève incapable, pares- feux, esquivant le pensum, en un mot une fuite vulgaire, mais un trait qui le caractérise, un premier rêve qu'il faut ici raconter, parce que sa vie n'a plus été qu'une suite de rêves ou d'imprévoyances du même genre. Les pastorales de Florian avaient tellement agi sur cette imagination que, las de sa prison, il entreprit de visiter les lieux chantés par l'auteur d''Estelle. Quittant les bords du Doubs, le voilà à la recherche du Gardon, de ses rives délicieuses que ses fraîches pensées lui représentaient comme l'Olympe terrestre, 1 îïur le plus pur, le seul air qu'on dut respirer. Sa bourse était celle de l'écolier, qui attend les vacances; et son imprévoyance pour ses frais déroute, celle de l'hu- maniste qui a foi dans l'hospitalité de ses hôtes, dont les vertus passées dispensaient le voyageur de toutes ces pré- occupations financières qui s'accorderaient mal avec la poésie d'une Odyssée. Il put néanmoins aller encore jusqu'à Valence. Mais là , comme de la boîte de Pandore, tous les embarras, tous les maux s'échappèrent de sa petite bourse vide, sans qu'au fond il lui restât l'espérance de voir ces lieux qu'il avait tant rêvés. Après quelques jeûnes forcés et des nuits passées à la belle étoile, son bon ange lui fit faire rencontre d'un curé allant au château voisin. De Loy se présenta à lui comme une pauvre petite brebis égarée que le bon pasteur s'em- pressa de recueillir, qu'il garda quelques jours avec lui au château, qu'il relit de son mieux et qu'ensuite, de presbytère en presbytère, on ramena au bercail de Plan- cher-Bas. Ce fut à Dijon qu'il termina ses études. »pri cette première équipée.