Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                   IS
très', dont la plupart montrent leurs titres extérieurs, indices.
Rien n'empêche de voir ici les tablettes d'une bibliothèque, comme
en a jugé Schwarz (1) ; mais ce monument peut représenter tout
aussi bien l'intérieur d'une boutique de bibliopole, l'arrangement
des volumes ayant dû être le même dans l'une et dans l'autre (2),
ce qui n'a pas lieu ordinairement chez les modernes, parce que la
forme de nos livres étant différente, les libraires cherchent à ména-
ger la place autant qu'il est possible.
   La recherche qu'on mettait souvent à l'embellissement de ces
livres ne contribuait pas peu à l'élégance des boutiques où ils étaient
étalés aux regards des amateurs. Sénèque nous apprend que chez
beaucoup de citoyens riches ils étaient devenus des objets de déco-
ration pour les appartements : non studiorum instrumenta sunt,
sed œdium ornamenta (3). Les écrits des auteurs de ce temps nous
ont transmis bien des détails curieux sur ce genre de luxe soit dans
l'intérieur des livres, soit dans les diverses parties de ce que nous
appellerions aujourd'hui la reliure. Ce luxe s'étendait à tout, aux
feuilles du texte, à l'écriture, aux figures qui l'ornaient quelquefois (4),
à la couverture du rouleau, aux parties extérieures du cylimdre, ap-
pelées, à ce qu'il paraît, umbilici ou comua, aux rubans destinés à
le tenir serré, aux tranches, etc. La soie, la pourpre , l'ivoire,
l'ébène, et sans doute aussi les métaux précieux et les gemmes, con-
tribuaient à les enrichir. Mais ces détails m'écarteraient trop loin

  (1) Op. laud., p. 251.
  (2) Noire saint Sidoine Apollinaire les compare {Epist., II, 9)
  (3) De tranquil. animi, 9.
  (4) Martial (fipi'gr., XIV, 185) parle d'un portrait de Virgile qui ornait le
commencement de ses œuvres :
              Quant brevis immensum cepit membrana Maronem !
                      Ipsius vullus prima tabella geril.
Sènèque (De tranquil. animi, 9) fait allusion aux figures des livres. Pline
raconte (Nat. hist. XXXV, 2) que Varron et Atlicus aimaient à placer dans
leurs livres les portraits des grands hommes. Ailleurs (XXV, 2) il parle de
livres d'hisloire naturelle, où les plantes étaient représentées dans des des-
 sins coloriés.