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12 respire celle du cuir de Russie; les regards se portaient sur une mul- titude de livres, disposés sur des tablettes et dans des cases que Martial appelle nidi. Elles étaient placées les unes au dessus des au- tres, peut-être suivant le mérite attribué par le vendeur aux divers ouvrages dont elles étaient chargées : telle paraît être l'intention de ce vers : De primo dabit alterove nido (1). Et de ceux-ci, qui s'appliquent à une bibliothèque : Hos nido licet inseras vel imo Septem, quos tibi mittimus libellos (2). Les livres , qui chez les anciens avaient le plus ordinairement la forme de rouleaux, d'où leur venait le nom à evolumen (de volvere), disposés ainsi sur les tablettes, dans un ordre régulier, et présentant en dehors les étiquettes de leurs titres colorées en rouge (3), devaient former une décoration assez pittoresque; et l'effet de l'ensemble pourrait être comparé à celui que présente, dans nos villes mo- dernes , une boutique de papiers peints. On peut se faire une idée plus exacte et plus complète de cette disposition d'après un curieux monument de l'antiquité, découvert à Nimègue au XVIIe siècle, que j'indique ici d'autant plus volon- tiers que je le trouve dans un livre peu consulté, peu connu même(4), et que ce monument, unique dans son genre, a rarement été cité(5). C'est un fragment de bas-relief représentant un jeune homme qui place un volumen dans des cases où l'on en voit beaucoup d'au- (1) Êpiqr. I. 118, v. 15 ; cf. VII, 17, v. 5. (2) Ibid., VII, 17, v. 5. (5) Ovide {Trisl., I, 1, v. 7,) dit de son livre en deuil : Nec titulus minio, nec cedro charta notetur. Ces étiquettes sont vraisemblablement indiquées dans ce passage de Cicéron à Atticus (IV, 4) : ut sumant... membranulam, ex qua indices fiant, quos vos Crœci, ut opinor, mXkxGcvs appellatis. (4) Broweri etMasenii Anliquit. Trevir. tom. I. Proparasc. p. 105. (5) Schwarz l'a donnée dans son ouvrage, tab, II; mais fort mal rendu par une mauvaise gravure.