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    Si Fensemble laisse quelque chose à désirer, les détails
sont-ils toujours irrépréhensibles ? Oui, sous le rapport de
leur exactitude, de leur étendue, de la critique judicieuse
qui préside à leur choix. Je l'ai déjà dit, le livre de
M. Collomhet est une œuvre d'un mérite évident, incon-
testable, que la sévérité de mes critiques ne fait que cons-
tater. Mais je regrette que l'auteur ne pénètre pas assez
dans l'intimité de ses personnages, qu'il ne se passionne
pas avec eux, qu'il ne sente pas assez leurs joies, leurs
peines, leurs doutes, leurs espérances; il les raconte com-
me des faits, il ne les aime pas comme des hommes; il est
leur historien, non leur confident; il les découvre dans le
lointain, à quinze siècles de distance, à travers les rayons
d'une bibliothèque; il n'a pas vécu, senti, souffert avec
eux. Plusieurs écrivains du IV e et du Ve siècles passent
 devant nous, enveloppés dans un nom, dans une date,
 comme une procession de pénitents enveloppés dans leur
 suaire, sans qu'on puisse distinguer leurs traits. Et, en vé-
 rité, il a bien le temps, cet infatigable traducteur, cet édi-
 teur laborieux, cet intrépide chercheur de faits, ce mo-
 derne bénédictin , il a bien le temps de s'abandonner à
 la rêveuse contemplation d'une pâle figure du IV e siècle, il
 a bien le temps de s'arrêter dans sa course pour séjourner
 avec Jérôme dans la grotte de Bethléem, avec Paulin au
 delà des neigeuses Pyrénées ! Et pourtant ce n'est pas le
 talent qui lui manque, ce n'est pas la sensibilité de l'ame
 ou la délicatesse du pinceau. Est-il rien de plus suave, de
 plus vivant, que le portrait qu'il trace de sainte Thérèse ?
 mais il avait été contraint d'étudier longtemps cette ame
 mystérieuse, il avait traduit la vida de la santa Madré.
  Quoique M. Collombet soit personnellement trop avare
de ses révélations intimes, il y supplée par de fréquents