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taêine pompe de style, même énergie, même ténacité de pen-
s é e , mêmes exagérations, mêmes angoisses. En lisant Byron,
on songe à George Sand; en lisant George Sand , on oublie
presque Eyron.
    Aussi quand on pénètre dans ces labyrinthes inextrica-
bles de questions posées et non résolues , d'interrogations,
de négations, de b l a s p h è m e s , de sarcasmes, d'ironies, de
critique et de louange ; quand on passe lour à tour de ces
images d'amour riantes et gracieuses à ces tableaux de déses-
poir affreux el grimaçant, on croit traverser une de ces galeries
mystérieuses de l'Inde, peuplée de milliers de statues, de ty-
p e s , de symboles extraordinaires el incompréhensibles , p r o -
duits d'une imagination luxuriante, abandonnée à tous les
écarts de sa puissante fécondilé, et l'on marche d'élonnement
en étonnement pour arriver enfin à l'autel monstrueux du p a n -
théisme. Magnifique et désolant p o è m e ; temple immense et
colossal élevé à l'orgueil humain, que Byron ouvre à notre
siècle; imposant sacrifice où on immole l'intelligence , el où
George Sand, la grande prêtresse du doute, tient les cou-
teaux sacrés.
   Héritière directe du génie de Byron, George Sand a, comme
le poète anglais, la même inquiétude d'imagination, la même.
ardeur dans l'attaque, la même exaltation devant le beau , la
même abondance d'images pour rendre ce qu'elle sent. Comme
lui, tout ce qui l'entoure l'obsède ; tout obstacle la fatigue; le
îien le plus léger devient une lourde chaîne ; aussi comme
elle se plonge avecavidile dans l'isolement, comme elle courl
dans la solitude, comme elle fuit sans pouvoir échapper aux
douleurs qui l'assiègent. Ainsi que Byron, elle a caché son nom
dans ses Å“uvres; pour elle a u s s i , le mariage est devenu un
joug insupportable , el elle l'a brisé : tous deux calomies, tous
deux souffrants des blessures sociales, ils ont pris en haine
cette société qui, non contente de leur disputer la gloire, a
voulu encore leur arracher le repos domestique. Pour tous
deux, natures énergiques et ardentes, l'Italie a été la terre de