page suivante »
41 Se ne finirai pas sitôt de vous parler de M. Duclaux et de M. Du- buisson, si mes deux lettres n'étaient déjà si longues. N'iriez-vous pas, pour me punir de mon bavardage, me livrer tout vif à quelque éditeur complaisant? Dans l'effroi dont me remplit cette idée, je me hâte d'en finir avec le paysage. Un dernier mot : la Vue d'Anvers, de Guiaud, est faite avec habileté, quoique d'un effet terne et lourd. Elle est mieux de loin que de près, et c'est un défaut dans une œuvre de grande dimension. On trouve lumière et harmonie dans deux petites toiles signées par M. Lanoue. Une marine de M. Wild renferme des choses consciencieuses et spirituelles. La ville bâtie sur pilotis, dans le fond, et les bricks du second plan sont aussi remarquables par la finesse du ton que par celle du dessin. On doit encore à M. H. Garnerey un charmant petit carrefour dont les maisons, style renaissance, se mirent dans un canal. Le Trou d'enfer, de M. Léon Fleury, est négligé dans les pre- miers plans. Les fonds sont d'un beau caractère et d'une bonne cou- leur. Le ciel marche bien et se distingue par une grande finesse. Maintenant je crois avoir terminé ; remerciez-moi de vous tenir quitte de M. de Grailly avec ses paysages, qui ne sont pas du tout dans le goût de Claude Lorrain, quoiqu'il veuille bien le dire; de M. Guy et de sa charrette embourbée, ingénieuse allégorie de son talent; de M. Desombrages et de ses mulets qui se cassent le cou; de M. de Drée, de M. Ferogio, de M. Chassela, de M. Lavie, de de M. Cinier-Ponthus et de bien d'autres qui ne m'en sauront pas gré. Je ne puis passer, sans m'arrêter, devant cette magnifique corbeille de fleurs ; quelle montagne de roses de toute espèce , depasseroses, de dalhias, de convolvulus blancs ou bleus, de pavots éclatants, de tulipes diaprées ! Il y a tant de grâce et de délicatesse dans la forme des corolles et des pétales, tant de fraîcheur dans ces plantes, que les papillons voltigent tout autour sans pouvoir s'en détacher ! La tête de femme qui les supporte est un peu molle. Cela me rappelle ces Nayades d'autre fois auxquelles on faisait remplir l'office de fon-