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   Elle prend l'homme politique par la main, le conduit à
travers les dé tonrs du cœur de l'homme ; elle dit aux gouver-
nants de quels obstacles ils peuvent et doivent triompher,
leur indique les tendances d'une nation, leur commande la
vigilance sur les empiétements, sur les usurpations hérédi-
taires d'une autre, elle leur enseigne à tenir compte des ré-
pugnances et des affections des gouvernés, elle leur montre
comme s'élèvent et brillent les empires, ce qui amène leur
décadence ; elle prouve que vouloir se raidir contre les idées,
c'est jeter un grain de sable pour arrêter l'océan, elle montre
 aussi qu'une constitution, quelque parfaite qu'elle soit, ne
saurait qu'avec le temps rallier à elle toutes les convictions,
que pourvu qu'elle résolve un problème difficile, sans doute,
le bonheur du plus grand nombre, elle ne doit pas s'effrayer
de vaines clameurs qui se perdent dans le vide, et ces leçons
où s'agite le bonheur ouïe malheur delà terre, elle les appuie
de faits irrévocables, ici la gloire et le bonheur, là la misère
et la honte, ici une couronne, là l'exil et quelquefois l'é-
 chafaud!
   L'histoire, quand de sa voix forte et énergique elle flétrit
les crimes des puissants de la terre, qu'elle arrache des fronts
 et des mains indignes les couronnes et les sceptres qu'elle
donne à la vertu, qu'elle étale les vices de ceux qu'on déifia,
 elqu'elledit : J'aime mieux Titus, les délices du genre humain,
 qu'Auguste, cet empereur comédien, qui respira toute sa vie
 à travers un masque ; je préfère à Louis-le-Grand qui bâtis-
 sait sa gloire sur le sang et les larmes des peuples cet autre
 Louis, père du peuple, et que le peuple pleura ; est-ce qu'elle
 ne dit pas aux rois : soyez bons, il en coûte trop cher aux peu-
 ples pour que vous soyez grands ?
    Quand elle entasse les cadavres, qu'elle fait s'affaisser les
 villes et les empires dans des flots de sang, qu'elle déplore
 les malheurs qui ont affligé la vie et le développement des
 n'ations à travers les âges ; quand elle agite les brandons des
 discordes civiles, qu'elle fait mugir la voix des révolutions ;