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ble histoire de la littérature, du moins des documents pré-
cieux. C'est celle qu'ont employé Schcell et Ficker, c'est
celle que M. Collombet a adoptée.
   L'autre manière consiste à rechercher les causes et la
liaison des faits littéraires : et comme tout se tient en ce
monde, elle parvient presque toujours à une cause géné-
rale qui domine toutes les autres, et dont l'influence se fait
sentir dans tous les phénomènes. Alors il y a subordi-
nation, enchaînement: alors l'histoire n'est plus un assem-
blage fortuit de faits et de noms propres; c'est le dévelop-
pement logique et régulier d'une idée. Ce n'est plus une
ville flamande avec ses rues tortueuses, ses maisons va-
riées, pittoresques, mais sans alignement; c'est un de ces
édifices simples et grands, que vous embrassez d'un coup
d'Å“il, et dont toutes les parties se perdent dans une majes-
tueuse unité. C'est ce qu'ont fait par exemple pour l'his-
toire politique Montesquieu, pour l'histoire de l'art Win-
kelmann, pour l'histoire des lettres M. Villemain dans ses
leçons sur le XVIII e siècle, et M. Nisard dans ses études
sur les poètes latins de la décadence.
    C'est une belle et périlleuse entreprise que l'histoire
littéraire ainsi conçue. Il ne s'agit pas de retracer la biogra-
phie des écrivains, il faut pénétrer dans le sein de la so-
ciété qu'ils représentent, en saisir les idées, les sentiments,
toute la vie morale, sentir et apprécier tous les battements
de son cœur : c'est une magnifique psychologie, qui a pour
objet, au lieu d'un individu, un peuple tout entier. L'ame
humaine se déploie devant vous sur une grande échelle,
avec tous ses penchants, toutes ses passions, représentées
chacune par un écrivain, par un livre.
   Au IV e siècle, l'esprit humain offre un beau specta-
cle. Fatigué de sa propre dégradation, accablé du fardeau