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429 Mais soit que H.-J. Pointe n'eût assez de confiance ni dans ces promesses, ni dans ses titres personnels, soit que sa propre expérience lui eût fait reconnaître toute l'importance de la place, il considéra comme indispensable d'adopter un nouveau mode de nomination qui offrit de plus fortes garanties de l'instruction et de l'expérience de celui qui serait appelé à la remplir. Il proposa, en conséquence, de la mettre au concours. Quelques recteurs ayant partagé son opinion, et d'autres l'ayant répoussée, il prit le parti de rechercher l'assistance d'une autorité au dessus de la leur, et il parvint à obtenir l'approbation du premier ministre dont l'influence aurait sans doute été toute puissante si l'administration n'en eût prévenu l'effet en devançant de près d'une année cette nomination. Au moment où l'on s'y attendait le moins, et dans une séance dont l'objet fut tenu secret, ils firent tomber leur choix sur M. Car- ret (1), autre élève dont les droits, quelque réels qu'ils fussent, étaient sans contredit moins évidents. Ayant terminé ses fonctions d'interne et perdu tout espoir de devenir chirurgien en chef, H.-J. Pointe chercha d'autres moyens de se faire connaître et d'établir sa réputation. Il était alors âgé de trente ans et comptait neuf années d'études bien employées, ce qui lui donnait quelque droit à la confiance publique. Mais, au début de la carrière, on est jaloux et impatient de renommée ; le titre d'au- teur surtout est très flatteur pour un jeune homme, et H.-J. Pointe eut recours à la publicité avant que la méditation et l'expérience eussent donné toute la maturité désirable aux travaux du cabinet et de la pratique médicale. C'est, du reste, une tentation à laquelle bien d'autres jeunes intelligences ont succombé. La pourriture d'hôpital était une des maladies qu'il avait le plus étudiée pendant son séjour à l'Hôtel-Dieu; à peine l'avait-il quitté (l)Carret, Michel, célèbre, surtout comme homme politique, né à Villefrau- che(Rhône) en 1752 ; chirurgien-gaguant-maîtrise , à l'hôtel-Dicu ; député au conseil des Cinq-cents, membre du tribunal, chevalier de la légion d'honneur. Conseiller-maître à la cour des comptes, président de la fédération parisienne pendant les Cent-Jours; démissionnaire de la cour des comptes à la seconde Restauration; mon à Paris le 12 Juin 1818.