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                                          Lyon , le 46 mai.

    Je suis allé à l'hôpital qui est fort riche, et, à ce que l'on
dit très bien administré. Là, j'ai vu des salles de trente pieds
de haut, et par conséquent pas la moindre odeur. On reçoit
tous les malheureux qui s'y présentent sans leur demander
un certificat d'indigence comme à l'Hôtel-Dieu de Paris. Il y a
des salles où l'on est admis en payant trente sous par jour:
j'allais y voir un ancien camarade tombé dans le malheur; il
me dit qu'il est fort bien dans cet hôpital. Les gens qui don-
nent trente sous peuvent sortir quand ils veulent. La phar-
macie est la meilleure de Lyon et tellement la meilleure que
les gens riches malades y envoient prendre des remèdes. Cet
hôpital a huit cent mille livres de r e n t e , indépendamment
 de ce que lui donne la ville. Les chefs de bureau y font ils
fortune ?
    Les rues de Lyon ne sont point encombrées de malheu-
 reux qui chantent, comme je le craignais : on a renvoyé tous
 ceux qui n'étaient pas nés dans la ville,
    La garde nationale de Lyon s'est fait tuer douze cents
 hommes dans l'admirable défense de cette ville, en 1793 (à
 Lyon on dit quinze mille).
     Il est vrai que ces messieurs étaient dirigés par une foule
 d'officiers émigrés et par le brave Précy; les chefs savaient
 se battre et les soldats avaient l'enthousiasme. "Voilà le beau
 côté du caractère lyonnais : être susceptible d'un enthousias-
 me qui peut durer jusqu'à deux mois. Celui de Paris dure six
  heures, comme on le vit lorsque Napoléon présenta son fils
  à la garde nationale, dans le grand salon des Tuileries.
    La garde nationale de Lyon me semble digne de soutenir
 la comparaison avec celle de V i e n n e , en Autriche, qui deux
 fois , en 1797 et en 1799 , a fourni des corps volontaires que
 les armées françaises ont été obligées de tuer en entier six
 semaines après qu'ils avaient été formés.