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396 Jupilcr tombera , el Prométhée libre de ses fers sera porlé de ciel en ciel par losanges jusqu'aux pieds d'un autre dieu. Mais dans noire âge d'attenle le poêle pouvait-il accorder un repos définitif au glorieux Titan ? les blessures que le vautour a fai- tes sont-elles cicatrisées à tout jamais ? après celte heure de transition l'activité de l'ame n'enlrevoit-elle pas un autre cy- cle de luttes sublimes, de déchirements intérieurs et de triom- phes ? M. Quinet laisse deviner que par de là celle délivrance de Prométhée un nouveau larcin fait à l'Olympe sera puni sur un nouveau Caucase pour être à son tour pardonné ; jusqu'à ce qu'à travers une progression incalculable de supplices et de victoires, l'éternel voleur du feu sacré ait assez multiplié ses conquêtes sur l'infini, pour n'avoir plus rien à dérober s'il est possible, et pour ne plus sentir dans son cœur ni le vide du dé- sir ni les serres du vautour. Telle est l'idée générale de Promélhée ; c'est comme on le voit le même sujet, au fond , qu'Ahasvérus, sujet aux propor- tions si colossales que la pensée ne saurait tenter d'en enfer- mer un plus vaste dans un poème. De semblables conceptions développées avec la richesse de slyle qui éclate sous la plume de M. Quinet, se placent tout d'abord au premier rang des œuvres durables; elles n'ont peut-être pas de popularité a at- tendre en F r a n c e , mais tout ce qu'il y a de penseurs en Europe les accueillera avec une chaleureuse attention. Nous aimons à voir, dans les poèmes de M. Quinet, quelques uns des heureux symptômes de l'avènement, chez nous, d e l à vérilable poésie, de celte muse antique qui était à la fois la sa- gesse et la beauté ; révolution d'autant plus désirable que nulle p a r t i e divorce d e l à philosophie d'avec la poésie n'a été aussi complet qu'en France; presque tous les hommes qui ont remué de grandes questions ont adoplé le mode des formules abstrai- tes pour l'expression de leurs pensées , loin de chercher à re- vêtir l'idée d'une ligure pour la rendre perceptible aux sens comme à l'aine, nos sages se sont gardés de l'imagination com- me d'un instrument de mensonge ; une langue aride cl nue