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C'est au contact de la France et à l'invasion que l'Allemagne
doit ce goût de l'action, nouveau chez elle ; le cosmopolitisme
et la rêverie s'évanouirent à l'aspect de nos grandes batailles.
Goethe fut la plus haute mais la dernière expression de cet art
abstrait qui satisfaisait l'Allemagne isolée dans son repos au
milieu de l'Europe. La littérature qui jusqu'alors ne recevait
aucun reflet de la société politique devint moins idéaliste,
moins panthéiste, elle se fit nationale et se retrempa dans les
sources du moyen âge.
Goerres., persuadé qu'un principe religieux pouvait seul ré-
unir les Allemands, essaya de refaire leur unité et de les pous-
ser dans le mouvement de l'histoire à l'aide d'un catholicisme
renouvelé ; il conçut une Bible nouvelle formée des traditions
de tous les temps et de tous les lieux, et essaya de construire un
panthéisme orthodoxe dont la papauté révolutionnaire serait
l'apanage de l'Allemagne. Mais le doute était au cœur de la
nation ; Goethe lui avait révélé le fatal secret longtemps caché.
Eu vain l'école des Schlegel déguisa le mal en favorisant la
réaction religieuse qui marchait à l'aide du mouvement natio-
nal, en vain « les poètes entrèrent au cloître avec Werner,
« se convertirent avec Stolberg, F. Schlegel, et Muller. » La
foi était mourante. Boader et Goerres se consumèrent sans
fruit à ranimer le catholicisme.
L'idéalisme est arrivé en Allemagne au même résultat reli-
gieux que chez nous l'école de Voltaire ; 3a méthode qui avait
ruiné ÃileLive et Homère vient d'y être appliquée à l'Evangile
par le docteur Slrauss ; la chute du spiritualisme est le
grand fait qui s'y accomplit aujourd'hui. Le panthéisme est
partout chez les Allemands. Ils ont « faim et soif du réel. »
L'association de la jeune Allemagne n'a guères d'autre dog-
me que celui de le réhabilitation de la matière préchée en
France par les disciples de Saint-Simon ; mais en même temps
que l'Allemagne se fait plus sensuelle, les codes d'austérité s'y
multiplient et mille sectes nouvelles naissent de la décompo-
ilion des anciennes croyances.