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27 fi politique qui devait à la fin jeter des germes de révolte parmi les populations. On ne joue pas impunément avec la bière de Munich, dit un vieux proverbe bavarois: la parole de Luther était bien autrement capiteuse. Son manifeste, après la tenue des étals de Nuremberg, était un hymne de révolte magnifique. Ces pauvres paysans donnaient tête baissée dans les chants du docteur, croyant l'aurore levée où la tyrannie monarchique et papale allait descendre au tombeau avec tous ses suppôts, prélats, abbés, princes et seigneurs. À la même heure on voit s'agiter une partie des états de l'Allemagne : partout ce sont des paysans qui portent la bannière. À Reichenau, près de Constance, ils s'insurgent contre leur abbé qui voulait re- pousser un prédicateur luthérien ; à Tengen ils se réunissent par milliers pour délivrer un prêtre novateur qu'on tenait enfermé. L'abbé de Rempten essaie inutilement de s'opposer au rassemblement séditieux de ses serfs ; son château est as- siégé et réduit en cendres, et sur ses ruines les vainqueurs plantent un drapeau où est écrit: liberté. Quelques chevaliers vinrent s'associer, pour les diriger à ces mouvements popu- laires .- c'étaient Franz de Sickingen qui se déclara le chef de ligue de Franconie, et Goëtz de Berlichingen dont la main de fer écrasait tout ce qui s'élevait trop haut dans le champ clé- rical, et qui finit par mourir dans une prison, où il eût voulu étouffer le dernier des prêtres. C'était encore Ilutten qui se servait de son épée et de sa plume pour encourager les ré- voltés. Les paysans n'étaient que de grossiers instruments dont les nobles se servaient pour voler les richesses du clergé, au nom du ciel et de la liberté. Ils lisaient à leurs vassaux les manifestes de Luther et les traduisaient au besoin en style populaire. Leur ministère presque toujours était inutile, car la parole de Luther était une courtisane sans voile. Ainsi au moment oùlaSaxe étaitpleinedemouvements insurrectionnels,Lutlher qui voulait en faire porter la peine aux princes, parce qu'il