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 politique qui devait à la fin jeter des germes de révolte parmi
 les populations.
    On ne joue pas impunément avec la bière de Munich, dit
 un vieux proverbe bavarois: la parole de Luther était bien
 autrement capiteuse. Son manifeste, après la tenue des étals
 de Nuremberg, était un hymne de révolte magnifique. Ces
 pauvres paysans donnaient tête baissée dans les chants du
 docteur, croyant l'aurore levée où la tyrannie monarchique
 et papale allait descendre au tombeau avec tous ses suppôts,
 prélats, abbés, princes et seigneurs. À la même heure on
voit s'agiter une partie des états de l'Allemagne : partout ce
 sont des paysans qui portent la bannière. À Reichenau, près
de Constance, ils s'insurgent contre leur abbé qui voulait re-
pousser un prédicateur luthérien ; à Tengen ils se réunissent
par milliers pour délivrer un prêtre novateur qu'on tenait
enfermé. L'abbé de Rempten essaie inutilement de s'opposer
au rassemblement séditieux de ses serfs ; son château est as-
siégé et réduit en cendres, et sur ses ruines les vainqueurs
plantent un drapeau où est écrit: liberté. Quelques chevaliers
vinrent s'associer, pour les diriger à ces mouvements popu-
laires .- c'étaient Franz de Sickingen qui se déclara le chef de
ligue de Franconie, et Goëtz de Berlichingen dont la main de
fer écrasait tout ce qui s'élevait trop haut dans le champ clé-
rical, et qui finit par mourir dans une prison, où il eût voulu
étouffer le dernier des prêtres. C'était encore Ilutten qui se
servait de son épée et de sa plume pour encourager les ré-
voltés. Les paysans n'étaient que de grossiers instruments
dont les nobles se servaient pour voler les richesses du clergé,
au nom du ciel et de la liberté. Ils lisaient à leurs vassaux les
manifestes de Luther et les traduisaient au besoin en style
populaire.
  Leur ministère presque toujours était inutile, car la parole
de Luther était une courtisane sans voile. Ainsi au moment
oùlaSaxe étaitpleinedemouvements insurrectionnels,Lutlher
qui voulait en faire porter la peine aux princes, parce qu'il