page suivante »
31 On avait d'abord rélégué dans le coin le plus obscur du salon une excellente étude de M. Laurasse. Ce n'est pas une simple étude : le but du peintre a été évidemment d'exprimer la tendresse et la passion, il a réussi ; et cela a d'autant plus de mérite qu'à Lyon, presque tous les peintres n'en tiennent aucun compte. On a bien fait de la mettre à un meilleur jour. Pourquoi la commission n'a-t-elle pas encouragé ce jeune artiste ? L'étude de Bonirote, portant le n° 15, est bien dessinée; l'ex- pression en est naïve. La Prédication sur les ruines du temple de Pallas est à la fois un morceau d'architecture et un tableau de genre. Le monument est traité avec prédilection et conscience; la couleur en est bonne. Les figures, surtout deux femmes et un homme revêtu d'un manteau bleu, sont agréablement dessinées et vigoureusement peintes. Quel- ques études du même auteur font espérer mieux encore. Les Braconniers surpris par des gardes, du peintre qui s'est rendu coupable de la Jeanne Gray, ne valent pas mieux que cette dernière production... Il règne dans ce tableau une transparence vi- treuse fort désagréable ; on n'y trouve aucune solidité. Les quadru- pèdes font tort aux bipèdes. Les chiens sont habilement peints. Le gibier mort ne les vaut pas. En fait d'ébauches, celles de Léon Coignet me plaisent, surtout l'Egypte; l'accablement de la figure donne une juste idée du désert brûlant, enveloppé de vapeurs enflammées. M. Drivet a donné une bonne copie d'un tableau de Raphaël. Voilà bien ses belles vierges aux contours si suaves, si purs ! C'est bien là cette rondeur des formes, cette suavité d'expression. J'ai dit qu'une bonne copie n'était pas aussi commune qu'on le pense ; ce n'est pas tout de reproduire les lignes, il faut encore reproduire ce qu'elles veulent exprimer. Pour cela, il faut comprendre, et ce n'est pas chose facile. C'est sans doute dans ce sens que Raphaël disait : Com- prendre , c'est presque égaler. Le portrait, exposé par M. Reuille, est celui d'un marquis ; voyez plutôt la couronne qui surmonte son écusson ; la tête, éclairée seule, a beaucoup d'effet. J'aime assez qu'on se place franchement dans