Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                282
si je n'ai pas toujours respecté le souverain. Sous sa p r o -
tection puissante, j'entendais les cris de vengeance des papistes,
et j'étais inébranlable. Du reste, je ne prétends pas justifier
vos magistrats : je connais leur injustice, je la déteste, mais
attendez, votre jour se lèvera.
    Vous demandez qu'on vous laisse entendre en liberté la pa-
role de l'Evangile ; mais celte parole, on l'annonce en plus
d'un endroit. Ne pouvez-vous pas changer de toit, et venir
ici boire aux sources du verbe divin ? Yenez vous y trouverez
Jésus. Yous voulez choisir vos pasteurs ; vos magistrats sont
là, portez-leur vos vœux ; s'ils refusent de les écouter, alors
vous êtes libres ; si on emploie la force contre vous, que le
pasteur fuie, et avec lui son troupeau. — Plus de dîmes, criez-
vous ! De quel droit les enlevez-vous à leurs légitimes pos-
sesseurs ? — C'est pour les convertir en aumônes. — Mais est-
ce d'un bien usurpé qu'on peut se montrer ainsi libéral? —
Yous voulez vous affranchir de l'esclavage, mais l'esclavage
est aussi vieux que le monde. Abraham avait des esclaves, et
saint Paul établit des règlements pour ceux que le droit des
gens a réduits en servitude. Les droits de pêche, de chasse^
 de pâturage, sont réglés par la jurisprudence du pays. Yous
allez jeter les hauts cris à la lecture de ma lettre, et vous direz
 que Luther est devenu le courtisan des princes; mais, avant
 de rejeter mes conseils, examinez-les: surtout n'écoulez pas
la voix de ces nouveaux prophèles qui vous trompent : je les
 connais. »
    Miinzer, pour toute réponse, déchira une page du pamphlet
 qui a pour titre : Contra falsum nominatum ordinem ecclesias-
 ticum, et l'envoya à Luther. C'était celle-ci.
    — Attendez, messeigneurs les évêques, larves du diable, le
 docteur Martin veut vous faire lire une bulle qui sonnera mal
 à vos oreilles : Bulle luthérienne. Quiconque aidera de son
 bras, de sa fortune, de ses biens, à dévaster les évêques et la
 hiérarchie épiscopale, est bon fils de Dieu, un vrai chrétien,
 qui observe les commandements du Seigneur.