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                             XIX

rois dans Fart décrire , maïs dont le métier le plus vrai
est de battre la boue du milieu de la rue pour éclabousser
les passants ; lorsqu'on aperçoit de tels pèlerins qui tran-
chent du grand seigneur, et qui bientôt disparaissent de-
vant des dettes criardes, on est malheureusement trop
porté à ne pas distinguer de ces gens-là ceux qui paient
leurs contributions , quoique un peu lourdes, et qui sont
bien avec leur bottier comme avec leur tailleur. C'est fâ-
cheux, mais cela existe, et nous pourrions nommer quel-
ques-uns de ces honteux fuyards qui déshonorèrent ici la
littérature.
    Certainement les dons de l'esprit, non plus que ceux
 de la beauté, ne sont point rares, à Lyon , chez les fem-
 mes. Racine, s'il revivait, trouverait au milieu de nous
 ce qu'il admirait dans ses merveilleuses méridionales, cor-
pus solidum ac succi plénum; il trouverait assez souvent,
 uni à ce mérite, celui d'une grâce ingénieuse et cultivée,
 d'un bon sens ferme et sagace. La modestie cache à l'oeil du
 vulgaire quelques talents hardis et purs, qui n'ont pu néan-
 moins s'effacer absolument. Et toutefois, par la malheu-
 reuse influence d'une éducation qui a comprimé tout essor
 généreux, il advient que dans plus d'une maison, c'est la
 femme qui étouffe les instincts littéraires. Nous savons de
 pauvres maris que leurs avares moitiés empêchent souvent
  de s'abonner à quelque journal, d'acheter quelque livre
  de leur goût. Comment cela se fait-il dans une cité dont
  les premiers élans furent toujours si généreux, et où la
  charité, vertu caractéristique, dilate incessamment les
  cœurs? Nous ne savons, mais le fait est réel. Peut-être cela
  tient-il à un certain prosaïsme imprimé bien avant dans