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 1er et Junon, les Dryades et les Hamadryades, et toute la lignée
 mythologique. Le chevaleresque, nous ne le concevons plus. L'en-
 thousiasme, le dévoûment, l'amour pur et idéal ne sont-ils pas re-
 gardés comme des sentiments niais et ridicules, par le temps de po-
 sitivisme où nous sommes. En fait d'aventures, nous ne recherchons
 que celles qui nous rapportent plaisirs faciles ou argent; nous ne
 rompons des lances que pour la défense de nos intérêts égoïstes,
lorsqu'ils sont attaqués, et non plus pour les beaux yeux des dames.
 Quant à la peinture religieuse, hélas! elle fleurit encore chez une
nation rêveuse et mystique par nature, où un grand peintre forme
 une école : Owerbek en Allemagne. Nous n'avons malheureusement
que çà et là quelques esprits d'élite, ou quelques âmes comtempla-
tives et tendres, attirées fortement par le christianisme. Aussi nos
 cœurs sont pleins de sécheresse ; la poésie nous manque. Manquâ-
t-elle jamais aux hommes simples et religieux, comme l'étaient
la plupart des peintres de l'école de Cimabué et Giotto! pour eux,
elle se répandait en jets si fertiles sur toutes leurs œuvres, qu'elle
 suppléait presque à la science de la perspective et de la composi-
tion qui leur manquait.
    Voyons donc les tableaux de genre.
    Les réputations les plus brillantes ne sont pas sans tache, et
les dieux de l'art, comme ceux de la mythologie, se trouvent parfois
sujets à des faiblesses toutes humaines ; cette réflexion m'est venue
à propos de M. Horace Vernet. Nous autres pauvres provinciaux qui
n'avions pu admirer ce maître que sur la foi de gravures, tristes re-
flets, sans doute, de tant de belles Å“uvres, nous pensions que Fau-
teur à'Eliéser à la fontaine, d'Abraham chassant Agar, du
Marché d'esclaves, devait tenir à notre exposition une place digne
de sa renommée. Aussi sommes -nous restés bien ébahis à la vue des
Contrebandiers traversant une cascade! le lieu peut-être favorable
au commerce de ces Messieurs, mais non à l'effet dramatique. En
voyant ces rochers de chocolat et cette cascade de suif figé, comment
croire que les personnages ont quelque réalité? comment s'intéresser
à eux? N'aurait-on pas déterré ce tableau au fond de la boutique de
quelque marchand de bric-à-brac ; tableau de pacotille comme en font