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de l'absence de ses dents eu présence de la collation, de mon
temps, on voyait dans l'air courir des dragons qui jetaient des
sorts auxcaramentrante.
   Une autre vieille : à mon mariage il a bien fallu les conjurer
en me vouant au bienheureux saint François Régis.
   — Au quartier Notre-Dame, ce soir, charivari !
   — La fille à*** a donc refusé son caramenlranl ?
   —- C'est si avare.
   — Je craignais quelque malice, dit la mariée....
   — Qu'on ne mouillât le bois et qu'on en vint à mal penser :"
   — Yous vous êtes exécutée de trop bonne grâce, reprend le
vieux mène bare pour que notre jeunesse ait voulu qu'on jugeât
mal de vos amours
 Viennent ensuite les gais refrains des Boiron et des Chapelon(l)v

    (1) Poètes bien peu connus dans le monde littéraire, mais dont les œuvres
•et les noms sont chers aux Stéphanois.
    Le premier, Georges Boyron, maître graveur, né à Saint-Etienne, le 25
juillet 1730, a composé des épigrammes, des contes et des chansons en pa-
tois, d'une verve remarquable. En 1S27, quelques fragments de ces poésies
ont été imprimés.
    Le second, Jean Chapelon, prêtre sociétaire de l'église de Saint-Elienne,
né en cette ville eu I 6-48, est auteur de poésies composées dans la même;
langue, et qui ont eu déjà plusieurs éditions. Ses chansons sont pleines de
cette gaîté franche et de bon aloi, dont tous les vieillards déplorent la perte
aujourd'hui. 11 est peu d'hommes qui aient autant que Chapelon laissé parmi
ses compatriotes de bons souvenirs; comme prêtre, il était aimé, adoré. On
lit dans sa Vie: «Dénoncé pour ses chansons à son archevêque, alors Mgr Ca-
mille de Neufville , il se présenta au conseil avec cet air de candeur et d'inno-
cence qui déconcerte la malice et fait tomber la prévention. On vit M. Cha-
pelon, et on l'aima. H fut invité à dîner. Un des convives, empressé de mieux
connaître cet homme, lui dit: Ou rapporte, Monsieur, que vous vous occupe/,
à faire des chansons.—Oui, dit-il, je fais quelquefois des chansons.—Contre
qui les faites-vous?—Contre les ridicules et les insolents, les buveurs et les bu-
veuses.—Passe pour cela; mais les honnêtes gens?—Oui, quand ils sont mes
amis, et je ne les fâche pas.—-Et à moi, dit Mgr l'archevêque, vous me feriez
  ne chanson?—Oui, Monseigneur, si vous me le permettiez,—Voyons, dit