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  L'homme, c'était pour eux un concitoyen, un ennemi
ou un esclave. — L'homme, c'est pour nous un frère, à
quelque pays, à quelque temps, à quelque condition
qu'il appartienne.
    Le monde, c'était pour eux un vaste théâtre, riche d'un
 luxe de décorations brillantes, mais peu ou point sym-
 boliques, riche de beautés, d'amusements et de tout ce qui
 peut enchanter les sens. — Le monde, c'est pour nous un
 temple grandiose avec sa voûte étoilée, ses flambeaux, son
 encens, ses harmonieux concerts 5 temple que Dieu s'est
 construit à lui-même, qu'il remplit de sa présence et dont
 l'homme a été constitué le prêtre.—
    Dieu, la vie, l'homme, le monde : quatre idées qui
 dominent toute l'ame humaine, déterminent le carac-
tère de ses conceptions, de ses aspirations, et partant le
 caractère de l'art et de la littérature.
    Donc, entre le caractère de l'art antique et le carac-
tère de l'art moderne, quand il se sera complètement dé-
gagé de la corruption païenne et de la barbarie du nord,
c'est-à-dire, complètement christianisé , même différence
qu'entre les idées des anciens et nos idées sur Dieu, la
vie, l'homme, le monde. Donc vouloir mesurer nos con-
ceptions, nos sentiments, notre style, les formes de l'art
moderne, aux. formes de l'art antique, c'est étendre le
géant sur le lit de Procuste; c'est insulter au génie de
notre temps ; c'est commettre un anachronisme mille fois
plus ridicule que de courir par les rues avec le vêtement de
Sophocle ou de Virgile. Donc les chefs-d'oeuvres de l'anti-
quité ne peuvent être proposés purement et simplement à
notre étude, à noire admiration ; mais ils doivent être, de
toute nécessité, soumis par le professeur à la critique que
nous avons définie.