page suivante »
480 mois qu'il parle, voyez quel long catalogue d'ouvrages il a déjà passé en revue : huit grands poèmes. Des expo- sés au pas de course, des analyses nécessairement super- ficielles, cela peut-il graver quelque chose de fixe, de clair, de déterminé dans l'esprit des auditeurs ? que pou- vons-nous saisir du génie, du caractère, de la figure d'un écrivain, lorsque nous le voyons passer et s'enfuir aussi rapidement devant nous? Quand vous avez entendu quel- que temps M. Démons, il vous reste la même impres- sion qu'après un voyage sur le chemin de fer, c'est-à -dire le souvenir d'une fantasmagorie d'apparitions rapides qui s'est jouée devant votre portière. Ne vaudrait-il pas bien mieux s'en être tenu toute l'année à deux ou trois ouvra- ges ou même à un seul, à l'Iliade, par exemple; nous avoir fait intimement connaître le génie du vieil Homère; avoir familiarisé notre imagination avee les mœurs de ces siècles héroïques, avec le ciel et la géographie de ces cli- mats ; avoir discuté les importantes questions qui se rat- tachent soit à l'existence d'Homère, soit à la collection de ses rapsodies par Pisistrate, soit à leur correction et à leur division en vingt-quatre chants par les Grammai- riens d'Alexandrie, soit à mille autres points intéressants; en un mot, ne vaudrait-il pas mieux avoir rendu notre intelligence maîtresse souveraine de l'Iliade, que d'avoir évoqué sous nos yeux une foule d'ombres, qui ne faisant qu'apparaître et s'évanouir, nous ont nécessairement lais- sés sous l'empire de l'inconnu? A chacun son goût ! quant à moi, je préfère mille fois savoir à fond un seul livre que d'en connaître superficiellement une multitude. Que devrait être aujourd'hui, selon nous, un cours de littérature ancienne ! Notre siècle rendu grave et sérieux par cinquante an-