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 mois qu'il parle, voyez quel long catalogue d'ouvrages il
 a déjà passé en revue : huit grands poèmes. Des expo-
 sés au pas de course, des analyses nécessairement super-
ficielles, cela peut-il graver quelque chose de fixe, de
 clair, de déterminé dans l'esprit des auditeurs ? que pou-
vons-nous saisir du génie, du caractère, de la figure d'un
écrivain, lorsque nous le voyons passer et s'enfuir aussi
rapidement devant nous? Quand vous avez entendu quel-
que temps M. Démons, il vous reste la même impres-
sion qu'après un voyage sur le chemin de fer, c'est-à-dire
le souvenir d'une fantasmagorie d'apparitions rapides qui
 s'est jouée devant votre portière. Ne vaudrait-il pas bien
mieux s'en être tenu toute l'année à deux ou trois ouvra-
ges ou même à un seul, à l'Iliade, par exemple; nous
avoir fait intimement connaître le génie du vieil Homère;
avoir familiarisé notre imagination avee les mœurs de ces
siècles héroïques, avec le ciel et la géographie de ces cli-
mats ; avoir discuté les importantes questions qui se rat-
tachent soit à l'existence d'Homère, soit à la collection
de ses rapsodies par Pisistrate, soit à leur correction et
à leur division en vingt-quatre chants par les Grammai-
riens d'Alexandrie, soit à mille autres points intéressants;
en un mot, ne vaudrait-il pas mieux avoir rendu notre
intelligence maîtresse souveraine de l'Iliade, que d'avoir
évoqué sous nos yeux une foule d'ombres, qui ne faisant
qu'apparaître et s'évanouir, nous ont nécessairement lais-
sés sous l'empire de l'inconnu? A chacun son goût ! quant
à moi, je préfère mille fois savoir à fond un seul livre
que d'en connaître superficiellement une multitude.
   Que devrait être aujourd'hui, selon nous, un cours de
littérature ancienne !
   Notre siècle rendu grave et sérieux par cinquante an-