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Céssive de plusieurs générations autour du père commun que
son titre, sa connaissance des traditions et sa longue expé-
rience constituaient naturellement le chef de sa postérité.
Mais comment de diverses tribus s'est formée l'association po-
litique, la nation? Ace propos,M. Quinet s'estlivré à une dis-
cussion lumineuse qui a ravi tous ses auditeurs. Il a passé en
revu les théories du Xtlll e siècle, résumées et prêchées par
J.-J. Rousseau, dans son Discours sur l'Origine de l'inégalité
parmi les hommes; il les a combattues, terrassées avec une force
d'éloquence et une vigueur de logique irrésistibles, et sur leur
ruine il a établi lui-même , d'une manière solide, sa propre
doctrine.
Non, a dit M. Quinet, ce n'est point le raisonnement, point
l'égoïsme, ni l'amour de la propriété, ni les besoins de l'agri-
culture qui ont fondé la société civile. Si toutes ces choses
l'ont affermie, elle ne reconnaît pour mère que la religion.
La société civile naquit le jour où un grand homme sut réunir
autour d'un autel commun deux ou plusieurs tribus isolées.
L'homme est essentiellement religieux; il aspire vers Dieu,
comme l'aiglon vers le soleil, comme le jeune lion vers les
déserts; il cherche Dieu avidement, et s'empresse de l'adorer
dans tout ce qu'il conçoit ou qu'on lui présente de plus puis-
sant et de plus parfait. Les tribus voisines se réunirent donc
naturellement autour de l'initiateur, qui leur chanta un Dieu
plus grand que celui qu'elles connaissaient; elles se confon-
dirent dans un même culte sous l'autorité du prêtre ; et de
l'unité religieuse naquit l'unité civile. Cette doctrine n'est-elle
pas confirmée par les monuments et les traditions? —Qui
voyez-vous debout au berceau des sociétés ?—Des philosophes
raisonneurs, d'habiles mécaniciens , comme le rêve Jean-
Jacques? — Nullement; mais des prêtres-rois, promulguant
leur législation dans des chants divins; des poètes , des pro-
phètes; c'est Hermès, Zoroastre, Orphée, Odin; c'est au dessus
de tous, et sans souffrir de comparaison , la face rayonnante
deMoïse. — On connaît l'époque de la plupart des inventions