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encore deux climats et deux systèmes de végétation tout diffé-
rents et pourtant voisins : le printemps sur les plateaux^ et au
pied, dans la plaine, un été brûlant ; ici, la magnificence de la
végétation équatoréale^ etplus haut,toutes les productions des
climats tempérés ; de sorte que la flore des zones torrides
peut servir de bordure à des champs et à des bosquets euro-
péens.
Sur toute la surface de l'Amérique, la nature déploie une
exubérance de végétation gigantesque , inconnue partout ail-
leurs. Nulle part ne s'étendent des forêts aussi vastes , aussi
hautes,, aussi impénétrables; nulle part d'aussi immenses
savanes ; nulle part une profusion de plantes aussi riches ,
aussi belles, aussi variées. L'Amérique est le triomphe de la
végétation ; et, chose surprenante, sous cette colossale végé-
tation , se remue un règne animal faible et peu à craindre ,
même dans les espèces les plus redoutables en Afrique et en
Asie.
Examinez l'Amérique, sa configuration;, ses golfes, ses fleu-
ves et sa fécondité. Si l'Europe est d'une nature apte à créer
la science de l'agriculture , de l'industrie et du commerce ,
l'Amérique n'offre-t-elle pas le champ par excellence à l'appli-
cation et à l'exercice de cette science une fois créée ? l'Amé-
rique était destinée à l'Europe moderne.
L'Europe en a pris possession. — La nature, qui régnait
orgueilleuse et souveraine sur toute l'étendue de ce continent,
recule chaque jour devant les efforts des colons européens.
Thésées du Nouveau-Monde, ils subjuguent, non pas des
monstres , mais des fleuves , des forêts, des lacs, des plaines
marécageuses ; et déjà , sur plusieurs points du sol, déblayés et
préparés, se sont établies des sociétés florissantes. Mais que
d'immenses solitudes sont muettes encore! Que de vastes bas-
sins, emplacements de grands empires , attendent leurs popu-
lations! Fonder ces empires, poursuivre jusqu'au bout la con-
quête de l'Amérique sur la nature, telle est la lâche de l'ave-
nir : tâche immense, laquelle témoigne que l'humanité a