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454 en môme temps qu'elle donnera au monde par le spectacle de sa mythologie et de sa philosophie, une démonstration nouvelle du cercle d'erreurs où tourne l'esprit humain, quand il se laisse aveugler par les sens,l'imagination etles passions; ou quand, dédaignant la tradition universelle et ne croyant qu'à soi, il veut pénétrer avec ses seules forces, le mystère de l'univers. Lorsque l'Hindou méditatif, tombant dans l'idolâtrie, maté- rialisera le dieu de ses pères, quelle forme lui donnera- l-il en face de cette nature éblouissante et gigantesque qui subjugue ses sens et son imagination ? Il lui donnera évi- demment les formes de cette nature absorbante, il élèvera sur l'autel un Dieu-nature ; l'Asie adorera l'Asie. Partout les peuples ont débuté dans l'idolâtrie par le naturalisme ; mais ici c'est un naturalisme aux proportions colossales qui ré- gnera aussi absolument sur les esprits que la nature sur les sens. Cependant il n'étendra pas son despostime irrésistible sur tous les coins de l'Asie, le Dien-nature. L'Asie, berceau de l'homme, berceau de la société, de la civilisation, des scien- ces et des arts, terre favorisée du ciel, l'Asie sera aussi le ber- ceau de ce que l'humanité possède de plus grand et de plus glorieux, le spiritualisme en religion. L'Arabie n'est rien sur la carte, elle est tout dans l'histoire ; son désert a vu naître trois religions spiritualistes qui ont profondément remué, ou même changé le monde. Le désert ne semble-t-il pas, en ef- fet, le sol naturel du spiritualisme? L'homme s'occupe, ses idées se colorent de tous les objets extérieurs qui frap- pent et dominent ses sens. La nature est la palette où l'in- telligence trempe ses pinceaux. Plus cette palette est ri- che de couleurs vives et nombreuses, plus nos conceptions sont imagées et chargées de matière; plus, au contraire, elle est pauvre et nue, plus nos conceptions sont vagues, abstraites, incorporelles. Dans une terre comme l'Inde, tous les sens de l'homme sont subjugués et maintenus dans