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453 concentré les rayons du soleil pour en faire le paradis de la terre. Cela posé, n'entrevoit on pas les grands trails de l'histoire politique de l'Asie? L'Asie n'aura-t-elle pas nécessairement, en même temps que deux zones, deux populations distinc- tes : Les enfants de la froidure et les enfants du soleil; des peuples forts, vigoureux, conquérants, et, à côté, des na- tions faibles, molles, faciles à conquérir? La nature n'impo- se-t-elle pas au Tartare la vie pastorale et nomade, l'habi- tation sous la tente, comme au Sibérien la chasse et la pêche ; et n'invite-t-elle pas l'Indien à se reposer oisif eteon- templalif, à méditer sur lui-même et sur le inonde, à abri- ter sa mollesse sous de légères maisonnettes de palmiers promptes et faciles à construire? En imposant au Tartare la vie nomade, la nature ne lui défend-elle pas l'association politique et ne l'immobilise-t-elle pas dans son indigence in- tellectuelle et morale, de même qu'en entourant l'Indien de toutes les sortes de faveurs et de bien-être, elle l'im- mobilise dans sa mollesse, dans son oisivité contemplative et dans ses rêves? L'immobilité, c'est le plus saillant ca- ractère de la nature de l'Asie et de ses populations ; elle tient sous son sceptre la presque totalité de ce continent im- mense ; elle trône, comme un Titan, sur les cimes de l'Hy- malaya, un bras vers le midi, l'autre vers le nord, la face tournée vers l'Orient, se disant avec orgueil ; « tout cela est à moi. " Chaque peuple a sa mission. Les vigoureux nomades du centre de l'Asie se conserveront et se multiplieront là , (pé- pinière aujourd'hui épuisée mais prodigieusement féconde pendant des siècles), pour aller retremper de temps en temps les nations amollies. L'Inde contemplative conservera religieu- sement le dépôt des traditions primitives, laissera s'échap- per de temps en temps un éclair de sa civilisation sur le monde, et viendra au moment marqué, appuyer de son té- moignage, le témoignage du législateur inspiré des Hébreux,