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 personnes de leur sexe, et peut-être des plus jeunes enfants ; leurs
 soins avaient pour objet principal les maladies particulières aux fem-
mes, ou celles dont l'examen, et même le simple aveu, aurait pu être
pénible à leur modestie, s'il eût fallu s'adresser à des médecins de
notre sexe. Il y aurait, il faut le reconnaître, dans un tel état de choses,
une décence et une moralité qui seraient vraiment bien dignes d'é-
loge. On trouvera peut-être que, sous ce rapport, il formerait un con-
traste peu vraisemblable avec tout ce que nous connaissons de la
corruption de la société romaine à l'époque des empereurs, laquelle
est, dans ses différents siècles, l'âge de toutes nos inscriptions. Mais
il y avait en cela sans doute quelque chose de la vieille Rome ; et
on a lieu d'observer, dans la longue histoire de sa dégénération, que
les vices furent bien plutôt dans ses mœurs corrompues par les con-
quêtes, que dans les institutions et dans les lois.
    Telles sont, si je ne me trompe, toutes les conjectures que l'on
peut hasarder avec sagesse sur un sujet bien peu éclairci, comme on
l'a vu, par des données puisées aux sources antiques. Je crois com-
pléter ces recherches, autant qu'il est en mon pouvoir, en rappelant
encore un monument lapidaire qui doit être rangé parmi les inscrip-
tions médicales appartenant à des femmes, quelle que soit d'ailleurs
l'interprétation plus précise qu'on veuille lui donner. C'est un marbre
sur lequel sont inscrites ces deux simples lignes :
                    HELPIS                 LIVIAE
                   AD.         VALETVDINAR.
   Spon, qui a donné cette inscription (1), suppose qu'on doit lire
ADjutrix VALETVDINARia. Si l'on adopte cette leçon, qui me pa-
raît assez plausible, l'office de cette femme semblait devoir être
celui d'une garde-malade. C'est, je pense, le seul monument connu
de l'antiquité qui mentionne une telle profession.
   Il reste à faire une seule observation, qui n'est pas sans impor-
tance , d'autant plus qu'elle a trait, non pas à une simple conjecture,
mais à un fait certain. L'une des femmes nommées dans nos deux
inscriptions lyonnaises, Minucia Astte, n'était qu'une affranchie , et

  (1) Misccllan. erud. antiquil., p. 144, tr>.