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  de cultures, s'unit à la montagne qui se prolonge derrière. En
  suivant la crête de ce rocher qu'ombrage une guirlande touf-
  fue d'arbres verdoyants, on parvient à un endroit d'où le
  regard embrasse une perspective charmante. De l'autre côté
  de la rivière, une énorme masse granitique supporte les bas-
  tions restaurés du fort Saint-Jean et le dôme de l'ancien cloître
  des Chartreux. Le spectateur voit, à gauche et à ses pieds,
 les chapiteaux corinthiens de l'église délabrée des Pères de
 l'Observance; à gauche encore le tombeau des Deux-Amants,
  puis au loin la tour de la Belle-Allemande, ruines consacrées
 par d'antiques et romantiques traditions. À droite, ce sont
 les flancs entamés d'un autre roc, jadis inaccessible, où s'éle-
 vait la prison de Cinq-Mars et de son fidèle de Thou. La
 Saône parcourt un paysage animé. Ordinairement calme et
 limpide, quelquefois débordée, écumeuse, mugissante, elle
 va disparaître dans les sinuosités de la ville et rejoindre le
 Rhône. Quand vous serez au point qui permet de saisir l'en-
 semble de ce panorama, vous foulerez, cachée sous l'herbe,
 la cendre de l'un de nos statuaires les plus distingués.
    On ne saurait trop le répéter, nous ne connaissons point
assez les hommes qui ont préparé le mouvement des arts en
province. Leur mission fut belle cependant, et mérite notre
reconnaissance. Si, quelque jour, les principales villes de
France présentent le spectacle de la brillante rivalité qu'offri-
rent autrefois Rome, Naples, Florence, Venise, c'est à eux que
nous en serons redevables.
    Notre feuille s'efforcera de remplir cette lacune ; car il y
a là une injustice à réparer, un hommage à rendre et des
richesses à faire connaître.
    Ce fut un grand artiste que Joseph Chinard. Né à Lyon;
le 12 février 1756, on le destina d'abord à l'état ecclésiastique;
mais le hasard l'ayant mis en contact avec la sculpture, une
vocation bien différente ne tarda pas à se déclarer. Par un
sort qui semble commun à la plupart des organisations pri-
vilégiées, son entrée dans la carrière fut si pénible., que les