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328 Dicte le bulletin de la grande journée ; La Russie et la France apprendront en tremblant Qu'il a de ses lauriers cueilli le plus sanglant. De quel prix douloureux la victoire est payée ! Lorsque, le lendemain, notre vue effrayée Commença, dans ces champs conquis par nos efforts, Le funèbre calcul des mourants et des morts ; Un jour pâle éclaira ce terrible inventaire. Le ciel semblait pleurer les malheurs de la terre. Napoléon frémit ; tant de Français tués !.... A de pareils tableaux ses yeux habitués S'étonnent cependant, et sa voix étouffée Gémit, comme un remords, sur son propre trophée. Son visage, à travers un sourire d'orgueil D'un présage fatal laisse percer le deuil. Trois jours à Mojaïsk, retiré dans sa tente, Comme s'il redoutait la fortune inconstante, Consumé par la fièvre, il paraît sommeiller; Mais le bruit des combats accourt le réveiller. « Français! entendez-vous? dit-il, le canon gronde « Et sa voix nous appelle à l'empire du monde. « Que l'héritier des Tzars courbe enfin le genou. « Marchons ! guerre et victoire ! en avant ! à Moskou ! » A . BlGNAN.