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Dicte le bulletin de la grande journée ;
La Russie et la France apprendront en tremblant
Qu'il a de ses lauriers cueilli le plus sanglant.
De quel prix douloureux la victoire est payée !
Lorsque, le lendemain, notre vue effrayée
Commença, dans ces champs conquis par nos efforts,
Le funèbre calcul des mourants et des morts ;
Un jour pâle éclaira ce terrible inventaire.
Le ciel semblait pleurer les malheurs de la terre.
Napoléon frémit ; tant de Français tués !....
A de pareils tableaux ses yeux habitués
S'étonnent cependant, et sa voix étouffée
Gémit, comme un remords, sur son propre trophée.
Son visage, à travers un sourire d'orgueil
D'un présage fatal laisse percer le deuil.
Trois jours à Mojaïsk, retiré dans sa tente,
Comme s'il redoutait la fortune inconstante,
Consumé par la fièvre, il paraît sommeiller;
Mais le bruit des combats accourt le réveiller.
« Français! entendez-vous? dit-il, le canon gronde
 « Et sa voix nous appelle à l'empire du monde.
 « Que l'héritier des Tzars courbe enfin le genou.
 « Marchons ! guerre et victoire ! en avant ! à Moskou ! »
                                                A . BlGNAN.